Le marché des changes (FOREX) : une volatilité accrue
Durant la semaine se terminant le 3 août 2024, le marché des changes a été marqué par une volatilité accrue, principalement due à plusieurs facteurs économiques et géopolitiques.
Le dollar américain (USD) a légèrement renforcé sa position face aux principales devises, soutenu par des données économiques robustes et la perspective d’une politique monétaire plus restrictive de la part de la Réserve fédérale.
L’euro (EUR) a connu une légère baisse face au dollar, affecté par des perspectives économiques moroses dans la zone euro, notamment en raison d’une croissance faible et de la hausse des tensions sur le marché de l’énergie.
Le yen japonais (JPY) a également continué à se déprécier, aggravé par les divergences de politique monétaire entre la Banque du Japon et d’autres grandes banques centrales.
Pour la Tunisie, cette appréciation du dollar pourrait avoir un impact négatif, notamment en termes de renchérissement des importations, y compris celles de matières premières stratégiques comme le pétrole.
Étant donné que la Tunisie importe une grande partie de ses besoins en devises étrangères, notamment en USD, une telle dynamique pourrait accentuer le déficit commercial et exercer une pression supplémentaire sur le dinar tunisien (TND).
Les marchés financiers : des signes d’incertitude
Aux États-Unis, les indices boursiers ont affiché des performances mitigées avec le S&P 500 en légère hausse, soutenu par le secteur technologique, tandis que les actions du secteur de l’énergie ont été sous pression en raison de la baisse des prix du pétrole.
En Europe, les marchés ont été globalement stables, mais des inquiétudes persistantes concernant une récession en Allemagne ont pesé sur la performance des marchés boursiers européens.
En Asie, les marchés chinois ont montré des signes de faiblesse, impactés par des inquiétudes sur la croissance économique et les tensions commerciales avec les États-Unis.
Pour la Tunisie, ces tendances globales peuvent influencer le climat des affaires, particulièrement en matière d’investissements étrangers directs (IDE) et de financements. Une baisse de confiance sur les marchés européens, partenaires commerciaux majeurs de la Tunisie, pourrait réduire les flux d’IDE et augmenter les risques de financement pour les entreprises tunisiennes.
Le marché des matières premières : une décrue
Pétrole : le prix du baril de Brent a reculé légèrement, s’établissant autour de 72 USD, en raison d’un affaiblissement de la demande mondiale et d’une augmentation des stocks aux États-Unis.
Cette baisse pourrait alléger la facture énergétique de la Tunisie, mais le renchérissement du dollar pourrait neutraliser ces bénéfices.
Sucre : le prix du sucre a montré des signes de volatilité, avec une légère baisse due à de meilleures perspectives de récolte au Brésil.
La Tunisie, en tant qu’importateur net de sucre, pourrait bénéficier à court terme de cette baisse des prix, ce qui contribuerait à réduire les pressions inflationnistes internes.
Café : les prix du café ont été relativement stables cette semaine, malgré des préoccupations liées à des conditions météorologiques défavorables dans certaines régions productrices.
La Tunisie, qui est également un importateur de café, pourrait ne pas voir d’impact immédiat sur ses coûts d’importation dans ce secteur.
Les implications pour l’économie tunisienne
- La tendance haussière du dollar pourrait affaiblir davantage le dinar, exacerbant les déséquilibres externes du pays.
- Avec un dollar fort et une dépendance de la Tunisie aux importations, le coût des biens importés pourrait augmenter, affectant l’inflation interne.
- Bien que la baisse des prix du pétrole soit favorable, l’appréciation du dollar pourrait limiter ces gains pour la Tunisie, impactant ainsi le budget de l’État.
- Les variations des prix des matières premières comme le sucre et le café peuvent avoir un effet modéré sur l’inflation, mais l’impact du taux de change restera un facteur crucial.
En définitive, les tendances actuelles des marchés des changes, financiers, et des matières premières indiquent une situation complexe pour l’économie tunisienne, caractérisée par des pressions externes croissantes.
Les autorités tunisiennes et les opérateurs devront surveiller attentivement ces évolutions et ajuster leurs politiques économiques d’approche pour atténuer les impacts négatifs potentiels sur la balance commerciale et l’inflation.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)