L’économie tunisienne, au 9 août 2024, se présente dans un contexte de stabilité relative, marqué par une série d’indicateurs monétaires et financiers qui nécessitent une attention particulière.
Cette contribution propose une analyse approfondie des principaux indicateurs et met en lumière les implications pour l’économie tunisienne.
Solde du compte courant du trésor : une amélioration notable
Le solde du compte courant du Trésor s’est amélioré, passant de 670,9 MDT à 717,1 MDT. Cette augmentation de 46,2 MDT par rapport à la veille reflète une gestion prudente des finances publiques.
Cette amélioration pourrait offrir au gouvernement une marge de manœuvre pour financer les dépenses publiques, particulièrement dans un contexte de pressions budgétaires accrues.
Solde du compte courant ordinaire des banques : une baisse inquiétante
Le solde du compte courant ordinaire des banques a chuté à 363,8 MDT, marquant une baisse de 27,5 MDT par rapport à la veille et de 118,4 MDT par rapport à l’année précédente. Cette diminution de la liquidité dans le secteur bancaire pourrait exercer une pression sur les capacités de prêt des banques, ce qui pourrait à son tour freiner l’activité économique si la situation persiste.
Billets et monnaies en circulation : une demande accrue de liquidités
Les billets et monnaies en circulation ont atteint 22 528 MDT, en hausse de 1 967 MDT par rapport à l’année précédente.
Cette augmentation peut être attribuée à une hausse des transactions économiques ou à un manque de confiance dans les instruments financiers électroniques.
Cette demande accrue de liquidités est un signe de la vitalité des échanges économiques, mais pourrait également indiquer des tensions inflationnistes potentielles.
Marché monétaire : un resserrement de la politique monétaire
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a réduit ses appels d’offres à 4 600 MDT, une baisse significative de 3 700 MDT par rapport à l’année précédente. De plus, le volume global de refinancement a diminué de 2 326 MDT, ce qui suggère un resserrement monétaire visant à contrôler l’inflation.
Malgré ces ajustements, le taux directeur et le taux du marché monétaire restent stables à 8%, témoignant d’une approche prudente de la politique monétaire.
Bons du trésor : un recours croissant au financement à court terme
L’encours des bons du trésor à court terme a augmenté de 1 994,4 MDT, atteignant 10 529 MDT. Cette hausse indique un recours accru au financement à court terme par l’État pour répondre à des besoins de liquidité immédiats.
Par ailleurs, l’encours des Bons du Trésor Assimilables (BTA) a légèrement diminué, ce qui pourrait refléter une gestion stratégique de la dette publique.
Secteur touristique et revenus du travail : des signes de reprise
Les recettes touristiques cumulées ont atteint 3 754,2 MDT, en hausse de 360,7 MDT par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est un signe encourageant de la reprise du secteur touristique, un pilier de l’économie tunisienne.
De même, les revenus du travail cumulés ont augmenté à 4 448,6 MDT, reflétant une augmentation des envois de fonds par les Tunisiens résidant à l’étranger, un soutien crucial à la consommation intérieure.
Service de la dette extérieure : une pression accrue
Le service de la dette extérieure cumulée a considérablement augmenté, atteignant 9 497,8 MDT, soit une hausse de 3 828,1 MDT par rapport à l’année précédente. Cette situation pourrait accroître la pression sur les finances publiques, surtout en l’absence de nouvelles sources de financement ou de restructuration de la dette.
Avoirs nets en devises : une stabilisation encourageante
Les avoirs nets en devises se sont stabilisés à 24 705,9 MDT, couvrant 112 jours d’importation, en légère hausse par rapport à l’année précédente. Cette amélioration est un signe positif, mais la balance des paiements devra être surveillée de près pour éviter toute détérioration future.
Taux de change du dinar : une stabilité relative
Le dinar tunisien a connu de légères variations face aux principales devises, se dépréciant face au yen japonais (-2,22%) mais s’appréciant légèrement face au dollar US et au dirham marocain. Ces fluctuations montrent une relative stabilité du dinar, mais la vigilance reste de mise pour éviter des impacts négatifs sur l’inflation importée et la compétitivité des exportations.
Perspectives…
L’ensemble de ces indicateurs révèle un contexte de stabilité relative avec des points de vigilance importants. La politique monétaire reste prudente, et bien que les réserves de devises soient en amélioration, la hausse du service de la dette extérieure est un sujet de préoccupation majeur.
La reprise du secteur touristique et l’augmentation des envois de fonds sont des éléments positifs, mais ils doivent être consolidés pour soutenir une croissance économique plus robuste.
Le gouvernement devra également surveiller de près l’évolution de la liquidité dans le système bancaire, car une réduction excessive pourrait limiter l’accès au crédit, essentiel pour soutenir l’investissement et la consommation.
En définitive, la situation financière reste fragile, et des réformes structurelles demeurent indispensables pour renforcer la résilience de l’économie tunisienne.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)