La BVMT (Bourse des valeurs mobilières de Tunis) a publié un communiqué relatif à l’activité des sociétés cotées. L’analyse du contenu nous suggère un certain nombre de commentaires.
Croissance globale du revenu : une réalité nuancée
Le revenu global des sociétés cotées à la Bourse de Tunis a légèrement progressé de 2,3% au premier semestre 2024, atteignant 12 milliards de dinars.
Cette hausse, bien que positive, reste modeste et pourrait refléter une croissance inégale à travers les différents secteurs. Notamment, si 72% des sociétés ont amélioré leurs revenus, les performances varient fortement, avec certaines entreprises accusant des baisses importantes, notamment au sein du Tunindex20.
Performance des entreprises du Tunindex20 : stagnation ou déclin ?
Le maintien du revenu global du Tunindex20 à 7,7 milliards de dinars, presque identique à l’année précédente, révèle une stagnation pour les entreprises phares de la Bourse de Tunis.
Cette stabilité masque des disparités notables : alors que certaines banques comme BH Bank (+15,58%) ont enregistré des hausses importantes, d’autres entreprises comme PGH (-6,02%) et SOTUVER (-39,15%) ont souffert de pertes significatives, illustrant des défis spécifiques à certains secteurs.
Analyse sectorielle : performances hétérogènes
– Secteur financier : La progression de 6,7% du secteur financier, portée par une hausse de 5,7% du Produit Net Bancaire des banques cotées, montre la solidité relative du secteur face aux turbulences économiques. Les performances des sociétés de leasing (+7,1%) et des assurances (+10,0%) confirment cette résilience.
– Biens de consommation : Le secteur agroalimentaire, en baisse de 3,6%, souligne des difficultés dans un segment clé de l’économie tunisienne.
En revanche, les concessionnaires automobiles ont montré une dynamique positive avec une croissance de 12,3%, suggérant une demande accrue ou une meilleure adaptation aux conditions du marché.
– Services aux consommateurs : La hausse de 7,7% du chiffre d’affaires des enseignes de la grande distribution indique une reprise de la consommation, mais pourrait aussi refléter une inflation des prix de détail, impactant les consommateurs.
Secteurs et sous-secteurs : des performances contrastes
Les secteurs de la télécommunication (+28,3%) et des technologies (+10,4%) ont surperformé, traduisant une transformation numérique en cours.
En revanche, la chute du secteur des Biens et Services Industriels (-12,7%) et du Bâtiment et Matériaux de Construction (-10,8%) pourrait signaler un ralentissement de l’investissement industriel et immobilier, posant des questions sur la vigueur de la reprise économique.
Sociétés individuelles : des écarts marqués
Les variations de revenus au sein des sociétés cotées sont frappantes. Des entreprises comme SITS (+250%) et TUNINVEST SICAR (+127%) ont réalisé des croissances spectaculaires, tandis que des sociétés comme ESSOUKNA (-87%) et CIMENTS DE BIZERTE (-60%) ont connu des effondrements, soulignant des vulnérabilités importantes et possiblement structurelles.
Indices boursiers : un miroir d’un marché résilient
L’évolution positive des indices boursiers, avec une progression de 11,15% du TUNINDEX et de 14,22% du TUNINDEX20, montre une certaine résilience du marché financier tunisien.
Toutefois, la contre-performance de certains indices sectoriels, tels que le « Bâtiment et Matériaux de Construction » (-5,54%) et « Biens de Consommation » (-3,84%), met en lumière des secteurs en difficulté qui pourraient peser sur la dynamique future du marché.
En définitive, le communiqué de la Bourse de Tunis souligne une performance globalement positive, mais masquant des disparités significatives entre les secteurs et les entreprises.
La croissance modérée des revenus et la performance hétérogène des différents secteurs révèlent une économie en transition, où certains segments peinent à retrouver leur dynamisme.
Les indices boursiers, bien qu’en hausse, reflètent une confiance prudente des investisseurs, mais les défis structurels demeurent, notamment dans les secteurs industriels et de la construction.
Source : Communiqué
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)