Alors que les marchés se sont calmés après l’orage de la semaine dernière (5 août), nous avons intérêt à suivre de près ce qui se passe côté japonais pour une simple raison. Nous avons 50 milliards de yens de dette à rembourser au mois d’octobre prochain, l’équivalent de 1 044 MTND au cours d’aujourd’hui. C’est loin d’être négligeable du moment que cela va consommer près de 5 jours de nos avoirs nets en devises.
Une augmentation limitée des taux
Le grand nettoyage des positions sur le yen, dans le cadre des stratégies de carry trade, a fortement impacté la monnaie japonaise devant les autres devises. Maintenant, il faudra s’attendre à la réplique de la Banque du Japon. Le consensus évoque une approche prudente en matière de relèvement des taux d’intérêt afin d’éviter une appréciation rapide du yen après les récentes turbulences.
L’augmentation serait de l’ordre de 25 points de base pour le reste de l’année, sans dépasser les 0,50 % dans tous les cas. N’oublions pas que la Fed devrait réduire ses taux d’environ 200 points de base pour les ramener à 3 % l’année prochaine. Cela réduit la marge de manœuvre japonaise en ce qui concerne l’ampleur de ses hausses, car cela pourrait se traduire par un yen beaucoup plus fort. Il faut trouver l’équilibre puisqu’un affaiblissement du yen contribue à soutenir les marchés boursiers, alors que son renforcement rapide pourrait entraîner un nouvel épisode de volatilité.
A titre de rappel, la Banque centrale du Japon a porté son taux de référence à 0,25 % alors qu’il se situait auparavant dans une fourchette de 0 % à 0,1 %. En mars, elle avait relevé son taux directeur pour la première fois en 17 ans.
Un gain de 5,1 % sur l’échéance japonaise
Ces évolutions pourraient impacter le service de la dette pour la Tunisie. Fin 2023, le taux de change moyen était de 22,0690 TND pour 1 000 YENS. Aujourd’hui, il est de 20,9323. Les 50 milliards de yens qui coûtaient 1 103,045 MTND fin 2023 sont de 1 046,615 MTND aujourd’hui, soit un gain de 56,433 MTND. Certainement, la Banque centrale avait suivi le marché et nous espérons bien qu’elle est intervenue pour profiter de ces conditions favorables.
La gestion dynamique des besoins en devises permet de gagner quelques millions de dinars sur les différentes devises. L’année dernière, le service de la dette extérieur était plus faible de ce qui a été budgétisé grâce aux mouvements favorables des taux de changes.
Par ailleurs, et face à la pression financière inédite à laquelle la Tunisie est soumise, nous pensons que le marché japonais pourrait constituer une opportunité pour lever des fonds. Tunis a d’excellentes relations bilatérales avec Tokyo, même si cette dernière a conditionné un soutien budgétaire de 100 millions de dollars d’un accord avec le FMI. Les taux sont faibles, et nous avons bien respecté tous les rendez-vous de remboursement. Nous allons amortir le cycle d’un service de dettes extérieurs plus faible dès 2025.
Un effort diplomatique et le choix d’un bon intermédiaire pourraient nous fournir de la liquidité avec un taux acceptable (à un chiffre) par rapport à notre rating souverain. Il faut essayer car même si nous résistons pour le moment, nous ne sommes pas à l’abri d’un choc macroéconomique qui peut frapper à tout moment. Les déclencheurs potentiels sont déjà nombreux.