Les récentes turbulences sur les marchés financiers mondiaux, alimentées par les craintes d’une récession aux États-Unis et les décisions inattendues de la Banque du Japon, soulèvent des questions importantes pour les économies émergentes, y compris la Tunisie. Ces événements pourraient avoir des répercussions significatives sur l’économie tunisienne, exacerbant les défis économiques actuels du pays.
Une volatilité croissante et une aversion au risque
Les investisseurs mondiaux se montrent de plus en plus réticents à prendre des risques, préférant se retirer des marchés boursiers au profit d’actifs plus sûrs comme les obligations d’État. Cette attitude découle d’une perte de confiance dans la stabilité économique mondiale, renforcée par des indicateurs économiques préoccupants aux États-Unis, tels que la dégradation du marché de l’emploi et le ralentissement de la consommation.
Impact sur la Tunisie :
En tant qu’économie émergente, la Tunisie pourrait être particulièrement vulnérable à cette aversion accrue au risque. Les flux d’investissements étrangers, essentiels pour stimuler la croissance économique, pourraient se tarir; alors que les investisseurs cherchent à minimiser leur exposition aux marchés jugés plus risqués. Cette situation pourrait aggraver les tensions financières en Tunisie, déjà confrontée à des défis structurels importants.
Fluctuations des devises et pressions inflationnistes
La volatilité actuelle affecte également les marchés des changes, avec des fluctuations imprévisibles des taux de change. La perturbation du carry trade (NDA : spéculation sur les différentiels des taux de l’intérêt et de change) sur le yen a déstabilisé des milliards de dollars de transactions, créant des mouvements inattendus sur les marchés des devises.
Impact sur la Tunisie :
Des fluctuations importantes des devises majeures comme le dollar américain ou l’euro pourraient directement influencer la valeur du dinar tunisien. Une dépréciation du dinar exacerberait les pressions inflationnistes, en augmentant le coût des importations de biens de consommation et de matières premières, mettant encore plus à mal l’équilibre commercial et financier de la Tunisie.
Incertitudes sur les marchés des matières premières
Les craintes d’une récession mondiale pourraient également entraîner une volatilité accrue sur les marchés des matières premières. Pour la Tunisie, qui dépend fortement des importations de produits de base comme le pétrole, cela pourrait entraîner une hausse des coûts énergétiques et une augmentation des prix à la consommation.
Impact sur la Tunisie :
Une montée soudaine des prix des matières premières, causée par des perturbations de l’offre ou une demande mondiale instable, compliquerait davantage la gestion budgétaire du gouvernement tunisien. L’augmentation des subventions énergétiques nécessaires pour maintenir le pouvoir d’achat des ménages pèserait lourdement sur les finances publiques, déjà sous pression.
Répercussions sur la croissance économique mondiale
La perspective d’une baisse de la croissance mondiale, combinée à la volatilité des marchés financiers, suscite des inquiétudes quant à la demande pour les exportations tunisiennes, notamment dans des secteurs clés comme le textile, l’agriculture et le tourisme.
Impact sur la Tunisie :
Une demande mondiale affaiblie pourrait entraîner une diminution des recettes d’exportation, aggravant le déficit commercial et compromettant la reprise économique postpandémie. Cette situation pourrait également compliquer les efforts du gouvernement tunisien pour attirer les investissements étrangers nécessaires à la relance de la croissance économique.
En définitive, l’incertitude économique mondiale actuelle pose des défis de taille à la Tunisie.
La volatilité accrue des marchés, les fluctuations des devises, l’instabilité des prix des matières premières et la faiblesse de la demande mondiale sont autant de facteurs qui pourraient entraver la reprise économique du pays.
Il est essentiel pour les décideurs tunisiens de rester vigilants et d’ajuster leurs politiques économiques afin de minimiser les impacts négatifs sur l’économie nationale.
Le suivi de ces développements sera crucial pour naviguer dans cette période d’incertitude et garantir une stabilité économique à long terme.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)