Cela va faire trois semaines depuis l’assassinant d’Ismaël Haniyeh à Téhéran, le jour de la cérémonie d’investiture du président Massoud Pezechkian. Ce n’est pas le premier crime commis par l’Etat terroriste israélien contre l’Iran. Depuis son premier mandat de Premier ministre en 1996, Benyamin Netanyahu a affiché ce qu’il faut bien appeler une névrose obsessionnelle contre l’Iran.
Profitant de l’hostilité agressive qu’entretient Washington depuis 45 ans contre la République islamique, Netanyahu s’est livré en toute impunité, des décennies durant, à une multitude d’agressions, de provocations et de crimes contre l’Iran.
Depuis plus de trente ans, la stratégie israélienne était de multiplier les provocations et les agressions contre l’Iran, dans l’espoir de l’amener à réagir de manière violente contre l’Etat sioniste. Ce qui forcerait les Etats-Unis à voler au secours de leur protégé et d’entrer en guerre contre la République islamique.
Car Israël, jusqu’à ce jour, n’est pas guéri de l’immense cataclysme stratégique qu’a constitué le renversement de leur plus grand allié de la région, le régime sanguinaire du Chah.
Israël, jusqu’à ce jour, rumine l’immense humiliation que leur a fait subir Khomeini en expulsant les diplomates israéliens et en faisant de leur ambassade le siège de la représentation diplomatique de la Palestine.
Les dirigeants successifs iraniens étaient conscients du piège que leur tendait de temps à autre l’Etat sioniste. Sagement, ils ont adopté ce qu’ils appellent « la patience stratégique », consistant à ne pas réagir aux provocations israéliennes pour épargner à leur pays et à leur peuple les effets dévastateurs d’une guerre qu’appellent toujours de leurs vœux les néoconservateurs de Washington et les ultras du Likoud à Tel-Aviv.
L’attaque d’avril contre le consulat iranien à Damas et l’assassinat fin juillet du dirigeant du Hamas à Téhéran semblent avoir convaincu les dirigeants iraniens que « la patience stratégique » était, pour Israël, synonyme de faiblesse et que, désormais, l’Iran est tenu de réagir aux crimes israéliens.
Trop de commentaires ont été fait sur la réaction iranienne contre Israël le mois d’avril dernier, exprimant soit le sarcasme, soit l’apologie. Mais c’était clair, l’Iran avait décidé alors non pas de punir Israël, mais de lui montrer qu’il était capable d’atteindre les sites militaires israéliens les plus protégés et les plus stratégiques.
Et de fait, en dépit de la mobilisation des arsenaux de défenses aériennes des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France et de l’Allemagne qui ont volé au secours d’Israël, les missiles iraniens ont réussi à frapper deux bases militaires israéliennes, dont celle d’où sont partis les avions qui ont attaqué le consulat iranien.
L’assassinat d’Ismaël Haniyeh à Téhéran a semé la consternation en Iran. Le guide Ali Khamenei l’a qualifié non seulement de crime odieux, mais aussi d’ « atteinte à l’honneur » du peuple iranien, affirmant clairement : « Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain pour un châtiment sévère pour lui-même. Et nous considérons qu’il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) qui a été versé sur le territoire de la République islamique d’Iran. »
Après l’annonce par le guide Ali Khamenei de la détermination de l’Iran de venger l’assassinat d’Ismaël Haniyeh, et celle de Hassan Nasrallah de venger son compagnon de lutte Fouad Choukr, les principaux pays occidentaux entrèrent dans la danse, proférant toutes sortes de menaces contre l’Iran et ses alliés de la région qui « se préparent à agresser Israël ».
Pour Washington, Londres, Paris et Berlin, la défense d’Israël est de rigueur, quels que soient les degrés d’horreur atteints par le génocide à Gaza ou les crimes à répétition perpétrés contre l’Iran et le Liban. Pour ces grands défenseurs de la liberté et la démocratie, Israël occupe des territoires par la force, massacre des civils par dizaines de milliers, tue qui il veut là où il veut; mais toute réaction des victimes pour se défendre est qualifiée d’« agression ».
Et ce n’est pas une qualification théorique, elle est suivie de menaces claires. Comme celles contenues dans la déclaration commune des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, rendue publique le 12 août. Dans cette déclaration, ces cinq pays menacent carrément l’Iran de destruction si jamais il « s’aventure à agresser Israël » !!!
Sont-ce ces menaces formulées par les protecteurs du plus grand Etat terroriste de l’histoire qui font hésiter l’Iran à répondre? Ou est-ce la prise en compte des intérêts de l’allié russe dont la base militaire de Tartous en Syrie risque d’être mise en danger par un conflit régional? Sans parler du risque qu’une attaque décisive contre Israël servirait de prétexte à Washington et ses alliés de réaliser le rêve qu’ils caressent depuis 45 ans : détruire la République islamique d’Iran.
Autant de données que les dirigeants iraniens ne peuvent pas ne pas prendre en compte et qui expliquent leur hésitation à concrétiser leur promesse : donner à l’Etat criminel sioniste le châtiment qu’il mérite, sans toutefois courir le risque d’une déflagration régionale. Autant dire la quadrature du cercle.