La Banque centrale de Libye, basée à Tripoli, a annoncé, dimanche 18 août 2024, qu’elle cesserait toutes ses opérations et ne reprendrait pas son travail tant qu’un haut responsable de la banque enlevé plus tôt dans la journée ne serait pas libéré.
La banque a déclaré qu’une partie inconnue était derrière l’enlèvement dimanche de Musaab Muslam, chef de son département informatique.
« La banque rejette les méthodes mafieuses pratiquées par certains partis en dehors de la loi », a-t-elle déclaré dans un communiqué, ajoutant que d’autres responsables de la banque avaient également été menacés et qu’elle suspendrait donc ses opérations jusqu’à ce que « ces pratiques cessent et que les autorités concernées interviennent ».
Richard Norland, ambassadeur des Etats-Unis en Libye, a récemment déclaré que toute tentative de remplacement par la force de la haute direction de la banque pourrait entraîner la perte par le pays d’Afrique du Nord de l’accès aux marchés financiers internationaux.
Dans la foulée, M. Norland avait rencontré le gouverneur de la banque, Seddik Kabir, pour discuter des inquiétudes concernant les groupes armés se rassemblant autour du siège de la banque à Tripoli.
« Les différends sur la répartition des richesses de la Libye doivent être réglés par le biais de négociations transparentes et inclusives en vue d’un budget unifié et fondé sur le consensus », avait assuré le diplomate américain.
La Libye n’a guère connu de paix depuis le soulèvement de 2011 soutenu par l’OTAN qui a renversé Mouammar Kadhafi. Et elle s’est divisée en 2014 entre des factions belligérantes de l’est et de l’ouest du pays.
Ainsi, le 9 août 2024, des affrontements aux mobiles flous ont eu lieu entre deux factions armées liées au Gouvernement d’union nationale basé à Tripoli, dans l’ouest du pays, qui ont fait neuf morts et des dizaines de blessés près de la capitale libyenne.
Le 11 du même mois, des dizaines de personnes, dont certaines armées, ont encerclé un bâtiment appartenant à la Banque centrale de Libye à Tripoli pour expulser le gouverneur de la banque, selon les médias locaux, avant d’être dispersées.
Le gouverneur de la Banque centrale de Libye, Seddik Kabir, est critiqué par le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Abdelhamid Dbaiba, en raison de sa gestion du budget et des richesses pétrolières de ce pays riche en hydrocarbures.
Par ailleurs, notons que l’est de la Libye, où siège le Parlement national, est sous le contrôle effectif du commandant militaire Khalifa Haftar.