L’un des méfaits du développement des technologies de la communication de masse, c’est sa capacité de propagation rapide de l’information, fausse ou exacte. Et l’apparition de la nouvelle souche de la variole du singe, désormais connue sous le nom de « Mpox » n’échappe à cette règle. Surtout qu’elle soulève et amplifie des inquiétudes sur les médias sociaux, partout dans le monde. Il faut dire que le monde vient juste de sortir- et encore- de la pandémie de Covid-19, avec les ravages qu’elle a causés ces dernières années.
Pour y voir plus clair, nos confrères de la BBC, avec l’aide d’experts, ont essayé de déconstruire les théories qui ont émergé autour du virus Mpox et ses conséquences.
Premièrement : il n’y a pas de plans de confinement pour la variole
Il circule sur le web que de nouvelles restrictions sur les déplacements sont prévues à cause de la variole du singe. Un compte conseille même à ses abonnés de se préparer pour les « Monkeypox lockdowns » (confinement lié au Mpox).
Mais les scientifiques lèvent le doute concernant une éventuelle propagation du virus de la variole du singe. Ils sont nombreux à penser d’ailleurs que la contamination au Mpox sera limitée. Déjà, le Dr Rosamund Lewis, du programme d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a confirmé qu’il n’était pas nécessaire de procéder à une vaccination de masse et que l’OMS avait également recommandé de ne pas imposer de restrictions aux déplacements.
Au lieu d’un nouveau confinement, les mesures d’isolement et les vaccins ciblant les personnes infectées ou leurs proches seront adaptés pour circonscrire la propagation du Mpox.
Deuxièmement : il n’y a aucune preuve que le Mpox ait été libéré d’un laboratoire
Ensuite, « les rumeurs sur la fabrication au laboratoire du virus de la Covid-19 permettent aux gens de penser à nouveau que le nouveau virus en provient aussi. L’Institut pour le dialogue stratégique note que les récentes épidémies de monkeypox ont également relancé la propagation d’un ensemble de conspirations coupées et collées qui ont été utilisées au cours des deux dernières années pour induire les gens en erreur pendant la pandémie de Covid-19 », écrit notre source.
Pour cela, la BBC indique que « les comptes des médias sociaux et des médias d’information en Ukraine, en Russie, en Chine et aux États-Unis ont tous lancé des accusations selon lesquelles l’épidémie était le résultat d’une fuite de laboratoire ou de l’utilisation de la variole du singe comme arme biologique ».
Or, la généticienne Fatima Tokhmafshan indique qu’il est possible d’identifier l’origine probable du virus en séquençant son ADN. Et ce en comparant cela à la lecture d’un code-barres sur une parcelle pour « cartographier les différents chemins qu’elle a pris ». Elle affirme donc que « les séquences génétiques que nous avons jusqu’à présent pour le virus (Mpox) remontent toutes à la souche de la variole aviaire qui circule couramment en Afrique de l’Ouest. Autrement dit, ce n’est pas quelque chose de fabriqué ».
Troisièmement : aucune preuve que l’éclosion était prévue
D’autres vont jusqu’à indiquer que « l’épidémie actuelle de la variole du singe a été délibérément planifiée » entre autres par Bill Gates ou Anthony Fauci… Voici comment comment cette théorie a vu le jour.
La Nuclear Threat Initiative (NTI), une organisation de biosécurité américaine, avait organisé « un atelier pour encourager les dirigeants du monde entier à planifier la possibilité de futures pandémies ». A cette occasion, les participants étaient invités à travailler sur un scénario fictif. A savoir : « une pandémie mortelle mondiale impliquant une souche inhabituelle du virus de la variole du moineau… [qui] s’est propagée à l’échelle mondiale. »
Ainsi, les experts rappellent que « les épidémies sont un fait de la vie. Alors une organisation qui prévoit et planifie pour lutter contre elles n’est pas en soi suspecte ».
Quatrièmement : la variole du singe n’est pas liée aux vaccins contre la COVID-19
Comme tout le monde l’a remarqué, beaucoup de théories ont émergé depuis l’apparition de la Covid-19. Aujourd’hui ces mêmes théories refont surface indiquant que le nouveau variant du Mpox est lié à la vaccination contre la Covid-19.
« Cette allégation a pris deux formes – certains se basent sur le fait que le vaccin AstraZeneca utilise un virus trouvé chez les chimpanzés, modifié de sorte qu’il ne peut pas se reproduire et se propager. Ces messages sur les réseaux sociaux suggèrent alors un lien entre les vaccins utilisant ce virus des chimpanzés et l’épidémie de la variole du singe. Cependant, le Monkeypox est causé par un type de virus totalement différent de celui trouvé dans le vaccin AstraZeneca. Et on pense qu’il se trouve principalement chez les rongeurs, pas les singes », rappelle la BBC.
Quant à la deuxième forme de rapprochement avec les vaccins contre le coronavirus qui se répand en ligne, elle fait état de ce que le vaccin contre la COVID-19 agit directement sur le système immunitaire. Ce qui le rend plus vulnérable à d’autres infections.
Les spécialistes contredisent cette affirmation en disant qu’elle n’a aucun fondement en réalité. Parce que « les vaccins stimulent- et non épuisent- votre système immunitaire. Ce qui le rend plus efficace pour cibler une infection particulière », soulignent-ils.
En clair, il n’y a aucune preuve que les vaccins suppriment le système immunitaire ou altèrent la capacité à combattre d’autres maladies.
Source BBC