Souvent, il y a une confusion dans l’interprétation des chiffres publiés sur le site de la Banque centrale de Tunisie concernant le service de la dette.
Les statistiques sont issues de la balance des paiements. Ce qui signifie qu’elles couvrent les remboursements de l’Etat et des opérateurs privés. Il n’y a pas que le souverain qui a des prêts en devises.
Les chiffres
Nous avons les statistiques de la balance des paiements et de l’exécution du budget fin juin 2024. Ce qui nous permet de distinguer la part de chaque type d’agent économique.
Source des données : BCT et Ministère des Finances
L’ensemble des acteurs dans l’économie ont assuré un service de dettes en devises de 7 923 MTND, dont 6 706 MTND de principal et 1 217 MTND d’intérêts.
En ce qui concerne l’Etat, sa part était de 6 616 MTND, répartis en 5 488,5 MTND de principal et 1 127,5 MTND d’intérêt.
Cela nous donne un remboursement des dettes extérieures contractées par des entreprises privées ou publiques qui s’est élevé à 1 307 MTND, dont 1 217,5 MTND de principal et 89,5 MTND d’intérêts.
Changement de physionomie en vue
Ces dettes reviennent, essentiellement, aux établissements financiers qui ont accès à des lignes mises à disposition par les institutions financières internationales et/ou multilatérales. Nous trouvons aussi celles qui bénéficient des financements par les lignes de crédits mises à la disposition des PME à faible taux.
Il y a, enfin, les entreprises publiques qui obtiennent des financements pour mettre en œuvre leurs projets.
Ainsi, nous devons rationaliser nos interprétations en consultant les données mises à jour quotidiennement par la Banque centrale. Nous n’avons pas d’idées sur la totalité des remboursements programmés pour cette année par les entreprises, mais le montant est loin d’être négligeant.
La pression sur les devises n’est donc pas l’œuvre exclusive de l’Etat. Le secteur privé a sa part. Avec ce qui se passe actuellement d’embargo sur le souverain, alors que l’accès à l’argent est devenu plus simple aux privés, la part de ces derniers dans le service global de la dette va progresser. Un changement de physionomie à suivre avec attention.