Les récentes alertes sur les marchés internationaux révèlent des tendances qui pourraient avoir des conséquences significatives pour l’économie tunisienne.
Bien que la Tunisie soit une petite économie par rapport aux géants mondiaux, son interdépendance avec les marchés internationaux signifie que toute fluctuation à l’échelle globale peut se répercuter sur ses secteurs économiques clés. Voici une analyse des impacts potentiels de ces évolutions.
En premier lieu, les Baisses de taux de la Fed et risque de récession aux États-Unis.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a récemment adopté une politique de baisse des taux d’intérêt, alimentant les craintes d’une récession aux États-Unis. Si cette récession se matérialise, elle pourrait avoir des répercussions mondiales, réduisant les flux commerciaux et financiers.
Pour la Tunisie, une baisse de la demande américaine pour des produits exportés, comme les textiles et l’huile d’olive, pourrait exacerber les difficultés économiques du pays.
De plus, une récession américaine pourrait entraîner une diminution des transferts de fonds des Tunisiens résidant aux États-Unis, affectant ainsi le pouvoir d’achat domestique et, par extension, la consommation intérieure. Cela mettrait une pression supplémentaire sur une économie déjà en difficulté.
En deuxième lieu, l’appréciation de la livre sterling.
L’appréciation de la livre sterling par rapport au dollar pourrait rendre les importations britanniques plus coûteuses pour la Tunisie. Cela inclut des biens de consommation courante ainsi que des équipements industriels, essentiels pour de nombreux secteurs économiques.
Cette hausse des coûts pourrait aggraver l’inflation, déjà élevée en Tunisie, et mettre davantage de pression sur les entreprises locales, réduisant leur compétitivité. Dans un contexte où les marges bénéficiaires sont déjà serrées, une telle dynamique pourrait nuire à la reprise économique post-pandémique du pays.
En troisième lieu, la baisse des prix du pétrole.
La baisse des prix du pétrole sur le marché mondial pourrait sembler bénéfique pour la Tunisie, un pays importateur net de pétrole. Une réduction des coûts d’importation de pétrole pourrait alléger la pression sur la balance commerciale et les finances publiques tunisiennes, en réduisant le fardeau des subventions aux carburants.
Cependant, si cette baisse des prix résulte d’un affaiblissement de la demande mondiale, les gains pourraient être annulés par une contraction des exportations tunisiennes, notamment dans les secteurs liés à l’industrie et au tourisme. Ainsi, la baisse des prix du pétrole pourrait ne pas offrir le répit espéré si elle est associée à un ralentissement économique global.
Pour autant, les perspectives baissières pour le pétrole.
Les perspectives baissières pour les prix du pétrole indiquent une surabondance de l’offre par rapport à une demande mondiale en déclin. Bien que cela puisse réduire les coûts d’importation à court terme pour la Tunisie, cela pourrait aussi être le signe d’un ralentissement économique mondial.
Un ralentissement global pourrait affecter les principales sources de revenus pour la Tunisie, telles que le tourisme, les exportations de produits manufacturés, et les transferts de fonds des expatriés. Ces éléments combinés pourraient aggraver les déficits budgétaires et commerciaux du pays.
En quatrième lieu, la chute des prix de l’acier.
Les prix de l’acier ont chuté, ce qui pourrait indiquer une baisse de la demande mondiale, particulièrement dans des secteurs comme la construction et l’automobile.
Pour la Tunisie, cela pourrait signaler des défis pour son industrie manufacturière, qui dépend de l’acier pour de nombreuses applications, notamment dans la construction et les infrastructures.
Si la demande mondiale d’acier continue de diminuer, cela pourrait signifier un ralentissement des investissements dans ces secteurs, affectant négativement l’économie tunisienne, déjà confrontée à des contraintes budgétaires et à un besoin urgent de relance économique.
En définitive, l’économie tunisienne se trouve à la croisée des chemins, confrontée à des défis importants alors que l’économie mondiale montre des signes de ralentissement.
Un affaiblissement de la demande mondiale, couplé à une récession aux États-Unis et à une baisse des prix des matières premières, pourrait intensifier les pressions sur l’économie tunisienne. Pour atténuer ces risques, la Tunisie devra surveiller de près les évolutions des marchés internationaux et renforcer ses efforts de diversification économique.
Des réformes structurelles visant à améliorer la résilience économique seront cruciales pour naviguer dans cette période d’incertitude.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)