Suite à une première augmentation de 5 % du SMIG en juillet 2024, le gouvernement tunisien envisage une deuxième augmentation de 7 % en janvier 2025. Cette NOUVELLE mesure, destinée à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs, aura des répercussions profondes sur l’économie tunisienne. La contribution qui suit se fonde sur les résultats de la simulation augmentée de la première augmentation de juillet 2024 de 5 %, via un modèle d’équilibre général calculable actualisé (GAMS 23.6) et explore les impacts socio-économiques potentiels de cette nouvelle hausse.
Effets sur la croissance économique
L’augmentation précédente du SMIG a conduit à une croissance du PIB à prix constants de 3,87 % et à prix courants de 6,33 %, signalant un effet inflationniste non négligeable.
Une nouvelle hausse de 7 % pourrait renforcer ces dynamiques, avec une croissance en valeur susceptible de dépasser celle en volume, exacerbant ainsi l’inflation.
Cependant, si les entreprises ne parviennent pas à compenser cette augmentation par des gains de productivité, on pourrait observer un ralentissement de la croissance en volume.
Cela est d’autant plus probable dans les secteurs à faible valeur ajoutée, où les marges sont serrées et la capacité d’ajustement limitée.
La première augmentation du SMIG a conduit à une hausse de l’indice des prix du PIB aux coûts des facteurs de 2,4 %. Une nouvelle augmentation de 7 % en janvier 2025 pourrait entraîner une inflation supplémentaire.
Impact sur les prix et l’inflation
La première augmentation du SMIG a conduit à une hausse de l’indice des prix du PIB aux coûts des facteurs de 2,4 %. Une nouvelle augmentation de 7 % en janvier 2025 pourrait entraîner une inflation supplémentaire, peut-être plus marquée, compte tenu de l’effet cumulatif des deux hausses consécutives.
L’impact sur les prix dépendra de la capacité des entreprises à absorber les coûts sans les répercuter entièrement sur les consommateurs.
Cependant, dans un contexte où les coûts de production augmentent, les entreprises pourraient être contraintes d’augmenter les prix, alimentant ainsi une spirale inflationniste.
Effets sur la consommation et le pouvoir d’achat
L’effet revenu de la première augmentation était négatif. Ce qui suggère que l’augmentation des salaires a été compensée par une hausse des prix, réduisant ainsi le pouvoir d’achat réel.
Une nouvelle augmentation du SMIG pourrait, dans un premier temps, améliorer les revenus nominaux des travailleurs, mais les gains réels pourraient être limités si l’inflation s’accélère.
La consommation finale, déjà en baisse en volume de près de 2 % lors de la première augmentation, pourrait subir un nouvel affaiblissement.
Si l’inflation continue de dépasser la croissance des salaires réels, le pouvoir d’achat des ménages risque de stagner ou de diminuer, entraînant une contraction de la demande intérieure.
Une nouvelle augmentation du SMIG pourrait, dans un premier temps, améliorer les revenus nominaux des travailleurs, mais les gains réels pourraient être limités si l’inflation s’accélère.
Compétitivité internationale et commerce extérieur
La précédente augmentation du SMIG a eu un effet positif sur les exportations, mais une nouvelle hausse des coûts salariaux pourrait inverser cette tendance. La compétitivité des produits tunisiens sur les marchés internationaux pourrait être affectée. Et ce, surtout si les entreprises ne parviennent pas à améliorer leur productivité.
De plus, les importations, qui ont déjà augmenté de près de 12 % en valeur lors de la première hausse, pourraient continuer de croître. Exacerbant ainsi le déficit commercial et le gap des ressources. Les termes de l’échange, déjà en détérioration, pourraient se dégrader davantage, aggravant la balance commerciale du pays.
Effets sociaux et sur le marché du travail
Sur le plan social, une nouvelle augmentation de 7 % du SMIG pourrait apporter un soulagement bienvenu aux travailleurs à faible revenu, renforçant leur capacité à faire face à la hausse du coût de la vie. Cependant, les entreprises, en particulier les PME, pourraient être contraintes de réduire leur personnel ou de limiter les embauches pour compenser l’augmentation des coûts salariaux. Ce qui pourrait entraîner une hausse du chômage.
Les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, tels que l’agriculture, le textile et certains services, seraient les plus vulnérables. Si ces entreprises ne parviennent pas à maintenir leur rentabilité, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l’emploi et la stabilité sociale.
Pour maximiser les bénéfices et minimiser les coûts, cette mesure devrait être accompagnée de politiques visant à renforcer la productivité des entreprises, à contenir l’inflation et à soutenir les secteurs vulnérables.
En définitive : la recherche d’un équilibre délicat à trouver
L’augmentation de 7 % du SMIG en janvier 2025 présente des avantages sociaux, notamment en matière de redistribution des revenus et de réduction des inégalités.
Cependant, les impacts économiques pourraient être mixtes, avec des risques accrus d’inflation, de baisse de la compétitivité internationale et de pressions sur le marché du travail.
Pour maximiser les bénéfices et minimiser les coûts, cette mesure devrait être accompagnée de politiques visant à renforcer la productivité des entreprises, à contenir l’inflation et à soutenir les secteurs vulnérables.
Le gouvernement pourrait également envisager des mesures d’accompagnement, telles que des subventions ciblées ou des incitations fiscales pour les entreprises, afin de faciliter la transition vers des salaires plus élevés sans compromettre la croissance économique et l’emploi.
En somme, bien que cette nouvelle augmentation du SMIG puisse apporter des bénéfices sociaux à court terme, son succès dépendra largement de la capacité de l’économie tunisienne à s’adapter à ces nouvelles réalités sans sacrifier sa compétitivité et sa stabilité.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)