Alors que l’idée générale est que Pékin est en train de rationaliser son engagement envers l’Afrique, ou du moins l’orienter vers des cibles précises, les chiffres contredisent cette hypothèse.
Les prêteurs chinois ont approuvé des prêts d’une valeur de 4,610 milliards de dollars à l’Afrique en 2023, marquant ainsi la première augmentation annuelle depuis 2016.
Plus de 182 milliards de dollars depuis l’an 2000
L’Afrique a obtenu plus de 10 milliards de dollars de prêts par an de la Chine sur la période 2012-2018; et ce, dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Toutefois, les volumes ont chuté précipitamment à partir du début de la pandémie de Covid-19 en 2020.
Le chiffre de l’année 2023, qui a plus que triplé par rapport à celui de 2022, montre que le géant asiatique souhaite limiter les risques associés aux économies très endettées. Pas moins de 13 accords ont été conclus impliquant huit pays africains et deux bailleurs de fonds multilatéraux du continent.
Parmi les opérations les plus importantes de l’année dernière figurent un prêt de près d’un milliard de dollars accordé par la Banque chinoise de développement au Nigeria pour la construction du chemin de fer Kaduna-Kano et une facilité de trésorerie d’un montant similaire accordée par le prêteur à la Banque centrale d’Égypte.
L’idée est de trouver une sorte d’équilibre durable en matière de prêts et d’en expérimenter une nouvelle forme. Dans quelques jours, le pays accueillera les dirigeants africains pour le Forum sur la coopération sino-africaine, qui a lieu tous les trois ans.
En tout, la Chine a octroyé des emprunts de 182,28 milliards de dollars entre 2000 et 2023, la majeure partie des fonds étant destinée aux secteurs africains de l’énergie, des transports et des technologies de l’information et de la communication.
Le robinet de liquidité a cependant été partiellement fermé depuis 2019, un changement accéléré par la pandémie. Laissant une série de projets inachevés dans la région.
Nouvelle stratégie
L’Afrique a occupé une place prépondérante dans les premières années de l’initiative La Ceinture et la nouvelle route de la soie. La Chine cherchant à recréer l’ancienne route de la soie et à étendre son influence géopolitique et économique par le biais d’une campagne de développement des infrastructures à l’échelle mondiale.
Le robinet de liquidité a cependant été partiellement fermé depuis 2019, un changement accéléré par la pandémie. Laissant une série de projets inachevés dans la région. La réduction des prêts a été provoquée par les pressions intérieures de la Chine et par l’endettement croissant des économies africaines. La Zambie, le Ghana et l’Éthiopie se sont engagés dans un long processus de réévaluation de leur dette depuis 2021.
Plus de la moitié des prêts engagés en 2023 l’ont été auprès de prêteurs régionaux et nationaux, ce qui souligne la nouvelle stratégie de Pékin. Ainsi, en s’appuyant sur les institutions financières africaines, la Chine va atténuer les risques de s’exposer aux problèmes d’endettement des emprunteurs.
Reste que pour la Tunisie, nous n’avons pas pu bénéficier d’un tel soutien. Auparavant, les ressources européennes étaient là. Aujourd’hui, il n’y a plus rien – ou très peu – et nous pensons qu’il est temps d’activer cette piste, sous n’importe quelle forme. Nous avons besoin de financements étrangers pour consolider notre situation. Nous tenons bon, mais l’équilibre demeure fragile alors que les tensions montent dans la région.