Alors que l’économie tunisienne continue de naviguer dans un contexte mondial incertain, les indicateurs économiques et financiers au 30 août 2024 montrent des signes de stabilité, mais révèlent également des défis persistants.
(* Source de données : https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp )
Solde du compte courant du Trésor : une baisse légère mais significative
Le solde du compte courant du Trésor s’établit à 1 289,4 MDT, enregistrant une légère diminution par rapport à la veille (1 296,1 MDT).
Bien que modeste, cette baisse pourrait traduire une augmentation des dépenses publiques ou une gestion plus prudente des finances publiques.
Comparé à l’année précédente, ce solde reste relativement élevé, ce qui pourrait indiquer une amélioration de la discipline budgétaire.
Liquidité bancaire : une amélioration apparente
Le solde du compte courant ordinaire des banques a augmenté à 317,5 MDT, marquant une progression par rapport aux jours précédents.
Cette hausse est un signe positif de meilleure liquidité dans le secteur bancaire, un facteur crucial pour soutenir l’activité économique.
Toutefois, la situation reste à surveiller de près, car une hausse des liquidités bancaires pourrait également refléter une diminution de la demande de crédit.
Marché monétaire : des tensions persistantes
Le marché monétaire montre des signes de tensions persistantes. Les montants alloués dans les opérations de refinancement à un mois sont en baisse (557 MDT contre 723 MDT), signalant une réduction des besoins de liquidité à moyen terme.
De plus, la facilité permanente de dépôt reste largement négative (-911 MDT), tandis que la facilité de prêt est relativement élevée (1 061 MDT).
Ces chiffres suggèrent une pression continue sur les liquidités, malgré une apparente amélioration du solde des comptes bancaires.
Diminution du volume de refinancement : un indicateur de contraction
Le volume global du refinancement a chuté à 12 955,9 MDT, contre 14 820,2 MDT précédemment.
Cette contraction peut indiquer une réduction de la demande de financement de la part des banques, peut-être en raison d’une anticipation de conditions économiques plus difficiles ou d’une stratégie de réduction des risques.
Recettes touristiques et revenus du travail : des signes encourageants
Sur une note positive, les recettes touristiques cumulées ont augmenté à 4 528,9 MDT, reflétant un regain d’intérêt pour la destination tunisienne.
De même, les revenus du travail cumulés ont atteint 5 061,7 MDT, ce qui témoigne d’une amélioration du marché du travail et d’une augmentation des transferts de la diaspora tunisienne.
Ces éléments sont cruciaux pour soutenir la balance des paiements et stimuler la consommation intérieure.
Service de la dette extérieure : une charge accrue
Le service de la dette extérieure a fortement augmenté pour atteindre 9 989,9 MDT, ce qui représente une charge importante pour l’économie tunisienne.
Cette hausse souligne la nécessité pour le gouvernement de continuer à gérer prudemment sa dette, tout en cherchant des moyens de stimuler la croissance économique pour alléger ce fardeau.
Taux de change du dinar : une légère appréciation
Le dinar tunisien a montré une légère appréciation par rapport au dollar américain et au yen japonais.
Cette tendance pourrait avoir des répercussions sur la compétitivité des exportations tunisiennes, bien que le taux de change par rapport à l’euro et au dirham marocain soit resté relativement stable.
Perspectives : entre stabilité et défis
À court terme : stabilisation de la politique monétaire
La stabilité du taux d’intérêt directeur à 8 % et la légère diminution des volumes de refinancement suggèrent que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) maintient une politique monétaire prudente.
Cette approche pourrait être bénéfique pour stabiliser l’économie à court terme, en particulier dans un contexte de tensions persistantes sur le marché monétaire.
À coyen terme : réformes nécessaires pour une croissance durable
À moyen terme, l’augmentation des recettes touristiques et des revenus du travail est encourageante pour l’économie tunisienne.
Toutefois, la montée du service de la dette extérieure reste un défi majeur.
La Tunisie devra impérativement poursuivre les réformes structurelles recommandées par le FMI et la Banque Mondiale pour renforcer sa compétitivité, attirer davantage d’investissements étrangers et assurer une croissance durable.
En définitive, une gestion précautionneuse pour assurer l’avenir
En somme, bien que l’économie tunisienne montre des signes de stabilisation, la gestion de la dette publique et la mise en œuvre de réformes structurelles demeurent essentielles pour garantir une trajectoire de croissance positive.
La prudence reste de mise, tant pour les décideurs que pour les acteurs économiques, afin de naviguer efficacement dans un environnement encore fragile.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)