L’année 2023 marquera un tournant majeur avec le développement de l’intelligence artificielle (IA) générative, après être entrée dans le quotidien du grand public. En 2024, les innovations de l’IA continuent d’impacter profondément divers secteurs tels que l’art, la santé, l’agriculture, le milieu universitaire, le monde des affaires et les actions en faveur du climat. Le revers de la médaille est que cette nouvelle technologie se révèle particulièrement énergivore. L’expansion de l’IA a conduit à l’explosion de la demande d’électricité dans plusieurs pays. Les estimations de Gold- man Sachs s’attendent à une augmentation de la demande énergétique des centres de données d’ici à 2030 de 160%. En moyenne, il faut 10 fois plus d’électricité pour faire une requête ChatGPT qu’une recherche Google.
L’appétit énergétique de l’IA semble faire éloigner les géants de l’informatique de leur objectif de neutralité carbone, visé dans un avenir proche. A cause de la consommation des centres de données, les émissions de gaz à effet de serre de Google ont grimpé de 48% entre 2019 et 2024, alors que l’entreprise comptait les faire baisser de moitié d’ici à 2030. De même, le numéro deux mondial du cloud, Microsoft, a enregistré un accroissement de 30% de ses émissions de CO2 entre 2020 et 2023.
Il est certes trop tard pour stopper la progression fulgurante de l’IA, mais il y a urgence de s’appuyer de plus en plus sur des serveurs verts pour réduire les émissions de gaz nocifs et de délaisser les combustibles fossiles qui réchauffent la planète.
Quelle que soit la cause, développement de l’IA ou changement climatique, le recours aux énergies renouvelables n’est plus un choix, c’est une question vitale.
Il va sans dire que des efforts remarquables sont déployés dans plusieurs régions du monde. Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie publié en juin 2024 affirme que 30% de l’approvisionnement mondial en électricité est assuré aujourd’hui par des ressources propres. En Tunisie, les chiffres décevants publiés en juillet 2024 dans le dernier rapport de l’Observatoire national des énergies et des mines, montrent que la part de l’électricité renouvelable (produc- tion STEG, privée et autoproduction) ne représente que 2% des ressources primaires. En somme, l’économie tunisienne demeure à la traîne pour relever les défis des transitions nu- mérique et énergétique.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste n°901 du 28 août au 11 septembre 2024