L’Egypte et l’Ethiopie sont en désaccord depuis des années au sujet de la construction d’un barrage hydroélectrique sur le Nil Bleu, dénommé « Grand barrage de la Renaissance« .
L’Egypte a déposé dimanche 1er septembre 2024 une plainte auprès du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), accusant l’Ethiopie de menacer la stabilité régionale avec ses actions unilatérales concernant le projet controversé du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil.
Selon le ministère des Affaires étrangères d’Egyptien, la décision de dimanche est une réponse à une récente déclaration du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, annonçant la cinquième phase de remplissage du GERD sans consulter les États en aval, en particulier l’Égypte.
En effet, le 25 août 2024, il a publié des photos sur X (anciennement Twitter) montrant l’ouverture des déversoirs du barrage dans le district de Guba en Éthiopie. Ce qui, estime-t-il, a libéré 2 800 mètres cubes d’eau supplémentaires par seconde.
« Cette libération soigneusement réglementée améliorera considérablement la productivité agricole, stimulera la production d’électricité et améliorera l’utilisation des ressources dans toute la région », a déclaré le Premier ministre éthiopien.
A noter que le barrage est situé sur le Nil Bleu, qui fournit 97 % des ressources en eau de l’Égypte. L’infrastructure, dont la construction a débuté en 2011, devrait produire 5,15 gigawatts. Ce qui en ferait la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique une fois achevée. Cependant, elle est au centre d’un différend concernant son impact sur les débits en aval vers l’Égypte et le Soudan, qui sont tous deux en proie à la famine.
De ce fait, l’Égypte a réagi en qualifiant cette décision d’« inacceptable » et de « continuation de l’approche provocatrice de l’Éthiopie envers ses voisins ». Selon le ministère des Affaires étrangères, cette décision viole également le droit international, notamment la Déclaration de principes du GERD signée en mars 2015 par Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum; ainsi que la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité de septembre 2021.
« L’Egypte négocie de bonne foi [avec l’Ethiopie] depuis 13 ans. Les négociations ont été interrompues après qu’il est devenu clair pour tout le monde qu’Addis-Abeba voulait les poursuivre indéfiniment comme couverture tout en créant une situation de fait sur le terrain », a écrit le ministre des Affaires étrangères, Badr Abdel Atty, dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU.
La plainte déposée auprès du Conseil de sécurité de l’ONU intervient alors que les tensions entre les deux pays africains s’accentuent en raison du soutien du Caire à la Somalie, empêtrée dans un différend avec Addis-Abeba au sujet d’un accord d’accès à la mer Rouge.
En effet, l’Ethiopie a signé le 1er janvier 2024 un accord avec le Somaliland séparatiste pour louer 20 km de terres côtières afin de construire une base militaire. En échange, semble-t-il, de la reconnaissance de l’indépendance de la région séparatiste. L’Egypte a accusé cet Etat enclavé d’être une source d’instabilité régionale et s’est engagée à défendre Mogadiscio contre les menaces à sa sécurité. Et ce, après que le gouvernement somalien a déclaré l’accord illégal et l’a décrit comme un accaparement de terres par son voisin.
Dernièrement, l’Égypte a fourni une aide militaire, notamment des armes, à la Somalie pour la première fois depuis plus de quatre décennies, à la suite d’un accord de défense signé plus tôt cette année.