La Hongrie ne peut pas survivre sans le pétrole russe, a averti le ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, soulignant que la décision de l’Ukraine de suspendre le transit de brut par ses oléoducs constitue un sérieux défi pour Budapest.
Kiev a suspendu en juin le transit du brut fourni par le géant énergétique russe Lukoil via l’oléoduc Droujba, invoquant des sanctions. Cette mesure a directement touché la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés, les privant du pétrole jusqu’alors exporté par Lukoil via le territoire ukrainien.
Dans une interview accordée au quotidien économique russe RBK, mercredi 4 septembre 2024, Szijjarto a déclaré que la Hongrie serait complètement privée de pétrole sans approvisionnement en provenance de Russie.
« Nous ne pourrons pas nourrir le pays au sens large. Nous ne pourrons tout simplement pas répondre à la demande en carburant… parce que nous ne disposons pas d’infrastructures alternatives suffisantes », a déclaré le diplomate.
« Il suffit de regarder les chiffres…, a ajouté M. Szijjarto. C’est pourquoi le fait que l’Ukraine ait pris une telle décision constitue pour nous un défi très sérieux. Cela concerne environ un tiers de nos importations en provenance de Russie. En Slovaquie, la situation est encore pire, ces livraisons représentent environ 40% de ce marché ».
En 2018, Kiev a imposé des sanctions à Lukoil, interdisant à l’entreprise de céder ses activités dans le pays, ainsi que d’effectuer des opérations commerciales et de participer à la privatisation ou à la location de biens publics. Lukoil a continué à envoyer du brut via le bras sud de l’oléoduc Droujba, car les sanctions de l’UE ne visaient pas ces flux.
En décembre 2022, l’UE a interdit le transport de pétrole brut russe par voie maritime dans le cadre de sanctions de grande envergure contre Moscou en raison du conflit ukrainien. La Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque ont bénéficié d’exemptions de Bruxelles le temps de s’approvisionner en pétrole brut de manière alternative.
La Slovaquie et la Hongrie sont les seuls États membres de l’UE à avoir rejeté la politique de l’UE consistant à fournir une aide militaire à Kiev dans le cadre du conflit avec Moscou. Les deux États ont appelé à plusieurs reprises à une résolution de la crise par la voie diplomatique.
La semaine dernière, Politico a rapporté que Budapest avait proposé une solution pour rétablir les flux de pétrole russe interrompus en rebaptisant les produits Lukoil. De cette façon, le brut expédié via l’Ukraine pourrait être officiellement vendu au géant énergétique hongrois MOL avant de traverser la frontière. Cet arrangement pourrait signifier payer 1,50 dollar supplémentaire par baril pour sécuriser le transit en dehors des accords précédents.
Rappelons que le diplomate hongrois s’est dernièrement rendu en Russie pour discuter des questions de sécurité énergétique. Budapest est « satisfait de la coopération énergétique russe, qui est l’une des garanties de la sécurité alimentaire du pays », a écrit M. Szijjarto sur Facebook après avoir rencontré le patron du géant énergétique russe Gazprom, Alexeï Miller.