À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2024 en Tunisie, les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux, cherchent à anticiper les effets potentiels de cet événement majeur sur les marchés financiers.
Partout, l’incertitude politique, souvent exacerbée en période électorale, peut entraîner des fluctuations significatives des marchés, et la Tunisie ne fait pas exception.
Historiquement, les marchés financiers réagissent de manière sensible aux événements politiques, en particulier dans des contextes où les résultats peuvent modifier les orientations économiques et les politiques fiscales du pays.
Dans le cas de la Tunisie, une économie encore en pleine reconstruction après des années de transition politique et de défis socio-économiques, l’élection présidentielle revêt une importance particulière.
Les anticipations des investisseurs
Généralement, les investisseurs surveillent de près les programmes économiques des principaux candidats, cherchant à évaluer les orientations futures en matière de réformes structurelles, de politique fiscale, de gestion de la dette publique, et de relations avec les institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Un candidat perçu comme favorable aux réformes économiques et à la stabilité financière pourrait inspirer confiance et attirer davantage d’investissements étrangers.
En revanche, un candidat dont le programme économique est perçu comme risqué ou incertain pourrait susciter des inquiétudes, entraînant potentiellement des sorties de capitaux, une volatilité accrue du marché des changes, et une pression à la baisse sur la monnaie (le dinar tunisien).
Les fluctuations du marché boursier tunisien, bien que modestes en termes de volume comparé aux marchés internationaux, pourraient également refléter cette nervosité.
Les secteurs à suivre
Certains secteurs pourraient être particulièrement affectés par les résultats de l’élection. Le secteur bancaire, déjà sous pression en raison des créances douteuses et de la faible croissance économique, pourrait réagir positivement à un gouvernement engagé dans des réformes favorisant la stabilité financière et la croissance.
De même, le secteur de l’énergie, crucial pour l’économie tunisienne, pourrait être influencé par les politiques énergétiques des candidats, notamment en matière de subventions et de développement des énergies renouvelables.
Les risques et les opportunités
En période d’élection, l’incertitude reste le maître-mot. Cependant, cette incertitude peut également créer des opportunités pour les investisseurs disposés à prendre des risques calculés. Les fluctuations à court terme peuvent offrir des points d’entrée attractifs pour ceux qui ont une vision à long terme de l’économie tunisienne.
L’élection présidentielle de 2024 en Tunisie s’annonce donc comme un tournant, non seulement pour l’avenir politique du pays, mais aussi pour ses perspectives économiques. Les marchés financiers resteront attentifs, réagissant aux annonces des candidats et aux sondages, jusqu’à ce que les résultats apportent enfin une certaine clarté sur la direction future du pays.
En définitive, les investisseurs et les opérateurs, tout en restant vigilants face à l’incertitude électorale, doivent se préparer à naviguer dans un environnement où les opportunités et les risques sont intimement liés. Le résultat de cette élection pourrait bien définir le visage économique de la Tunisie pour les années à venir.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)