Dans un ouvrage intitulé « Un État juif : le dernier et le meilleur espoir pour résoudre le conflit israélo-palestinien », David Friedman- ancien ambassadeur des États-Unis en Israël et ancien conseiller de la campagne Trump en 2016- préconise l’annexion de la Cisjordanie et propose même un plan de financement. Rien que cela!
La Cisjordanie annexée par l’Etat hébreu? C’est le scénario diabolique préconisé par David Friedman, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël de 2017 à 2021 sous le règne de Donald Trump. Il expose son projet dans un livre explosif publié le 3 septembre 2024 aux États-Unis et intitulé « Un État juif : le dernier et le meilleur espoir pour résoudre le conflit israélo-palestinien ».
Pour les commentateurs politiques, cet essai qui se veut prophétique, dessine les contours des éventuelles orientations du candidat républicain Donald Trump en matière du conflit israélo-palestinien, si par malheur il occupait le Bureau ovale en novembre prochain.
Annexion pure et dure
En effet, cet avocat juif américain, qui partage ouvertement les vues de l’extrême droite religieuse et ultranationaliste israélienne et qui se targue d’avoir l’oreille du milliardaire républicain, propose non seulement de rattacher la Cisjordanie à l’occupant israélien; mais il avance un plan pour financer l’opération.
Par quelle entourloupette? La réponse, lumineuse, coule de source : en détournant un milliard de dollars de l’aide destinée aux forces de sécurité palestiniennes pour financer le projet d’annexion israélien.
Justifiant le soutien américain à l’annexion de la Cisjordanie en invoquant des « prophéties et valeurs bibliques », l’auteur qui a également été conseiller de la campagne Trump en 2016, explique, sans ciller, qu’« Israël aura besoin d’une assistance financière pour affirmer et maintenir sa souveraineté sur la Cisjordanie ».
Citoyens de seconde zone
Et quel sera le statut des Palestiniens de la Cisjordanie une fois annexée par l’Etat hébreu, selon M. Friedman?
Comparant le statut futur des Palestiniens vivant sous souveraineté israélienne avec celui des citoyens de Porto Rico, David Friedman écrit que « les Palestiniens, comme les Portoricains ne voteront pas aux élections nationales ».
M. Friedman ajoute : « Les Palestiniens seront libres de promulguer leurs propres documents de gouvernance tant qu’ils n’entrent pas en conflit avec les documents israéliens. »
Pis, alors que les Portoricains sont considérés comme des citoyens américains et ont le droit de voter s’ils déménagent dans un autre État américain, « cette possibilité n’est pas envisageable pour les Palestiniens de la Cisjordanie », poursuit-il.
L’argent et le pouvoir
Reste la question : Donald Trump apparemment sensible aux arguments de son ancien ambassadeur à Tel-Aviv, osera-t-il franchir le Rubicon?
C’est là qu’entrent en jeu le lobby pro-israélien au États-Unis avec l’argent comme principal argument.
Ainsi, Miriam Adelson, la veuve de Sheldon Adelson– un milliardaire américain, magnat de l’immobilier et des jeux d’argent politiquement conservateur et qui était le soutien principal de plusieurs présidents républicains aux États-Unis ainsi que Benyamin Netanyahou- a indiqué « que le soutien à l’annexion israélienne figurait parmi ses principales attentes d’un second mandat Trump ».
Pour rappel, lors de la campagne présidentielle en 2016, Sheldon Adelson qui était le principal bailleur de fonds de Donald Trump obtint en contrepartie de son protégé qu’il reconnaisse Jérusalem comme capitale indivisible et éternelle d’Israël, qu’il y installe l’ambassade américaine, en plus de soutenir l’annexion du Golan. Enfin, il était derrière le processus de la Paix d’Abraham visant à normaliser les relations entre Tel-Aviv et certaines capitales arabes. Une fois installé à la Maison Blanche, Trump appliqua à la lettre les désireras de son généreux donateur!
Mais, le candidat républicain marche en terrain miné : si cette éventualité séduisait une partie de l’électorat juif et évangélique, elle risquerait par contre de rebiffer les électeurs arabo-américains. D’autant plus que l’administration Biden-Harris et de nombreux Américains juifs s’opposent fermement à ce projet d’annexion, le considérant comme un obstacle majeur à la paix dans la région.
Un projet mort-né
Mais le passé éclaire le présent. Pour rappel, Donald Trump dévoilait déjà au mois de janvier 2020 son idée pour venir à bout du conflit israélo-palestinien. Baptisé « plan de paix pour le Proche-Orient » et supposé être la seule « solution réaliste ». Ce plan prévoit l’annexion par Israël d’une partie de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’Etat hébreu depuis 1967 et où s’entassent plus de 2.8millions de Palestiniens. Sachant que dans ces colonies, la population a plus que triplé depuis les années 90, pour dépasser aujourd’hui les 450 000 Israéliens.
D’autre part, la Maison Blanche, prévoit également la création d’un Etat palestinien « démilitarisé » et divisé en mosaïque dans la région. Et sans Jérusalem-Est pour capitale!
Mais, c’était sans compter sur l’attitude ferme des Palestiniens qui rejettent évidemment en bloc ce projet.
En effet, les Palestiniens accusent un plan qui fait voler en éclats les accords d’Oslo prévoyant une solution « à deux Etats ».
« Nous n’allons pas nous asseoir à une table de négociations où sont proposés l’annexion ou le plan Trump. Car il ne s’agit pas là d’un plan de paix, mais d’un projet pour légitimer l’occupation israélienne », a réagi à l’époque le négociateur des Palestiniens, Saëb Erakat.
Ce projet mort-né renaîtrait-t-il de ses cendres si Trump remportait le prochain scrutin présidentiel? C’est le scénario cauchemar des Palestiniens.