Plusieurs ZOOMS constituent ce dossier : de l’élaboration de l’objectif final à la mouture finale, en passant par les objectifs finals, nous vous proposons un suivi avec les commentaires les plus pertinents, compte tenu de l’évolution du contexte international et national.
ZOOM 1 – Analyse de l’évolution du contexte politique, économique et financier international (au 9 septembre 2024)
Contexte politique international
Au 9 septembre 2024, les tensions géopolitiques continuent de peser sur l’économie mondiale, principalement en raison des conflits persistants en Ukraine, des rivalités entre les États-Unis et la Chine, et des troubles politiques dans certaines régions du Moyen-Orient et d’Afrique.
Ces dynamiques accentuent les incertitudes et exacerbent les risques sur les marchés financiers et les chaînes d’approvisionnement mondiales.
En parallèle, l’évolution des relations commerciales entre les grandes puissances économiques demeure incertaine, notamment avec la montée des politiques protectionnistes et la réévaluation des accords commerciaux.
Les sanctions économiques contre la Russie continuent de se renforcer, tandis que la Chine et l’Inde cherchent à redéfinir leurs partenariats économiques avec les pays émergents, ce qui pourrait créer de nouvelles opportunités pour certains marchés, notamment en Afrique et en Asie.
L’évolution des relations commerciales entre les grandes puissances économiques demeure incertaine, notamment avec la montée des politiques protectionnistes et la réévaluation des accords commerciaux.
Contexte économique global
L’économie mondiale est caractérisée par un ralentissement général de la croissance, particulièrement dans les économies avancées.
Aux États-Unis, après une période de relèvement des taux d’intérêt par la Fed, les signes de ralentissement économique sont de plus en plus visibles, avec une baisse de la consommation et de l’investissement, exacerbée par des tensions sur le marché du travail.
En Europe, l’inflation reste un défi majeur, en partie en raison des prix élevés de l’énergie et de l’instabilité géopolitique qui perturbe l’approvisionnement. La Banque centrale européenne (BCE) continue de maintenir une politique monétaire restrictive pour maîtriser l’inflation, bien que cela ait contribué à un ralentissement de la croissance économique dans la zone euro.
En Chine, la reprise économique postpandémie s’est essoufflée, avec une baisse de la demande intérieure et des difficultés dans le secteur immobilier, ce qui pèse sur la croissance du pays. Les incertitudes sur la politique de soutien à l’économie chinoise ajoutent à la volatilité des marchés asiatiques.
Contexte financier global
Marchés boursiers :
Les marchés boursiers internationaux ont subi une correction en raison des perspectives de croissance morose et des taux d’intérêt élevés.
Les indices boursiers américains (S&P 500, Nasdaq) ont montré une volatilité accrue, reflétant les incertitudes économiques aux États-Unis.
En Europe, les actions ont également été sous pression, particulièrement dans les secteurs liés à l’énergie et à l’industrie manufacturière.
Marchés des taux :
Les rendements obligataires sont restés relativement élevés, avec une tendance haussière dans les principales économies occidentales.
Aux États-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans est monté à 4,6 %, soutenu par les craintes inflationnistes persistantes.
En Europe, les obligations souveraines ont également vu leurs rendements augmenter, sous l’effet de la politique de la BCE.
Marché des devises :
Le dollar américain reste fort face aux principales devises mondiales, bénéficiant de son statut de valeur refuge dans un environnement de ralentissement économique global.
L’euro a faibli face au dollar (1,07 $/€), pénalisé par les incertitudes économiques en Europe.
Les devises émergentes, notamment le yuan chinois, ont également perdu du terrain face au dollar, exacerbées par les difficultés économiques locales et le resserrement monétaire des pays développés.
Marché des matières premières :
– Énergie : Les prix du pétrole sont restés relativement stables autour de 86 $ le baril de Brent, soutenus par des réductions de production de l’OPEP+ et des incertitudes géopolitiques. Toutefois, la demande mondiale modérée limite une hausse significative des prix.
– Métaux : L’or a légèrement augmenté, s’échangeant autour de 1 950 $ l’once, en raison des inquiétudes croissantes sur la stabilité économique mondiale. Les métaux industriels comme le cuivre sont sous pression en raison du ralentissement de la demande chinoise.
– Produits agricoles : Le marché des céréales a vu une certaine volatilité, exacerbée par les perturbations dans les exportations de blé ukrainien. Les prix du sucre et du café sont restés élevés, en raison des conditions météorologiques défavorables dans les principales régions productrices et des restrictions d’exportation dans certains pays.
Les ménages tunisiens verront leur pouvoir d’achat encore affaibli, particulièrement en raison de la montée des prix des produits de base.
Implications sur l’économie tunisienne
Commerce extérieur :
L’économie tunisienne, fortement dépendante des importations d’énergie et de produits de base, ressentira les effets de la stabilité des prix du pétrole et des hausses des prix des denrées alimentaires.
Les coûts d’importation resteront élevés aggraveront le déficit commercial de la Tunisie. De plus, la faiblesse des devises émergentes et la hausse du dollar américain augmenteront la facture d’importation, mettant davantage de pression sur les réserves de change du pays.
Inflation et pouvoir d’achat :
La hausse des prix des matières premières agricoles, notamment du sucre et des céréales, continuera d’alimenter l’inflation en Tunisie.
Les ménages tunisiens verront leur pouvoir d’achat encore affaibli, particulièrement en raison de la montée des prix des produits de base.
La récente augmentation du SMIG pourrait compenser en partie cette pression, mais elle risque d’entraîner une hausse des coûts de production, augmentant le risque d’inflation salariale.
Taux de change et devises :
La faiblesse continue du dinar tunisien par rapport au dollar et à l’euro rendra les importations plus coûteuses, accentuant les déséquilibres extérieurs.
Le dinar tunisien pourrait continuer à se déprécier si la Banque centrale de Tunisie n’intervient pas suffisamment pour soutenir la monnaie.
Investissements et croissance économique :
Le ralentissement de l’économie mondiale et la baisse des investissements étrangers, en raison des incertitudes globales, ralentiront davantage la reprise économique tunisienne.
Le resserrement des conditions financières dans les marchés développés rendra le financement externe plus coûteux pour la Tunisie, déjà lourdement endettée.
La dépendance de la Tunisie aux touristes européens signifie que toute baisse de la consommation ou de la confiance en Europe affectera directement les revenus touristiques du pays.
Tourisme et secteurs stratégiques :
Bien que le secteur du tourisme ait montré des signes de reprise en 2024, l’instabilité économique en Europe, principal marché touristique de la Tunisie, pourrait freiner cette reprise.
La dépendance de la Tunisie aux touristes européens signifie que toute baisse de la consommation ou de la confiance en Europe affectera directement les revenus touristiques du pays.
En conclusion, l’évolution du contexte international au 9 septembre 2024, à la veille de l’élaboration du projet de budget 2025, présente de nombreux défis pour l’économie tunisienne.
Entre la montée des prix des matières premières, la volatilité des marchés financiers et la pression sur le dinar tunisien, la Tunisie devra renforcer ses réformes économiques structurelles pour limiter l’impact de ces chocs extérieurs et améliorer la résilience de son économie.
Les décisions politiques prises à court terme, notamment en matière de « RI-LANCE », de soutien à la production locale et à la maîtrise de l’inflation, seront cruciales pour atténuer ces impacts négatifs.
Articles en relation:
ZOOM 3 – TUNISIE – Les grandes orientations commentées
ZOOM 2 – TUNISIE- Déficits et dettes en Tunisie, une équation complexe à résoudre
=============================================
* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)