Lors d’un débat houleux organisé à moins de deux mois de l’élection présidentielle américaine, la candidate démocrate Kamala Harris a réussi à mettre son adversaire dans ses petits souliers. Avec succès.
Electrique, au ton très offensif, le débat télévisé aux forts enjeux qui a lieu mardi 10 septembre au soir (3 heures du matin HT) entre le candidat républicain, Donald Trump, et la vice-présidente démocrate, Kamala Harris, aura tenu toutes ses promesses. Selon la presse américaine, l’ancienne procureure, sûre d’elle et dominatrice, a réussi l’exploit de mettre son adversaire sur la défensive en le poussant dans ses derniers retranchements.
Pris à la gorge
En effet, lors du duel de 90 minutes qui a lieu à Philadelphie, en Pennsylvanie, un Etat crucial dans la course à la Maison Blanche, Kamala Harris, 59 ans, prit à la gorge son vieux rival de 78 ans pour ne plus le relâcher.
« J’ai le soutien de 200 républicains qui ont travaillé avec George W. Bush, Mitt Romney et John McCain », a martelé la démocrate. Et ce, avant d’égrener les noms d’anciens collaborateurs hauts placés de Donald Trump qui ont ensuite quitté le navire et ouvertement critiqué leur ancien patron. Apparemment l’attaque a fait mouche puisque Donald Trump répliqua piteusement : « J’ai viré ces gens-là. Eux (Biden-Harris, NDLR), ils n’ont viré personne ! »
Ayant de toute évidence bien préparé sa première confrontation avec son terrible adversaire qui en est à son sixième débat télévisé, Kamala Harris s’en est prise directement au caractère de son concurrent : « Je vous invite à participer à un meeting de Donald Trump. Il raconte que les éoliennes causent le cancer. Vous remarquerez également que les gens commencent à partir avant la fin car ils sont épuisés et ils s’ennuient. La seule chose dont vous ne l’entendrez pas parler, c’est de vous ».
Abordant d’autre part le refus de Donald Trump de concéder sa défaite face à Joe Biden, l’ancienne sénatrice de l’Etat de la Californie s’est montrée virulente : « On ne peut pas se permettre d’avoir un président des États-Unis qui tente de contrecarrer la volonté des électeurs. J’ai beaucoup voyagé et les leaders mondiaux se moquent de Donald Trump. J’ai parlé à des chefs militaires, certains ont travaillé pour vous, ils disent que vous êtes une honte ».
Pour répondre à cette attaque d’une rare violence, Trump se contenta de citer Viktor Orban, le Premier ministre hongrois d’extrême droite, comme gage de soutien international à son auguste personne!
Flèche empoisonnée
Reprenant enfin sa vieille rengaine sur l’immigration, son terrain préféré, le candidat républicain affirma sans ciller que « la criminalité est en baisse partout dans le monde sauf ici où elle a explosé ». Là le journaliste d’ABC News lui a rappelé que, selon le FBI, les crimes violents sont en baisse aux États-Unis. Kamala Harris ne pouvait pas rater cette occasion pour porter le coup de grâce à son adversaire: « C’est gonflé venant de quelqu’un qui a été mis en examen! » Une flèche empoisonnée!
Vers la fin du débat, et alors que le dossier ukrainien était abordé, Donald Trump, le regard hagard, avait de plus en plus de mal à rester concentré. Oubliant apparemment le sujet du débat, il haussa le ton : « Où est notre président? Ils l’ont jeté de la campagne comme un chien. » Kamala Harris lui rappela calmement qu’il ne se présente pas contre Joe Biden, mais bien contre elle!
Un peu plus tard, il reprend la même rengaine : « Elle est Joe Biden. Elle tente de s’en détacher mais elle est Joe Biden ». Souriante et sur un ton condescendant, elle répond : « Je ne suis pas Joe Biden et je ne suis certainement pas Donald Trump. Ce que je propose, c’est une nouvelle génération de leadership pour notre pays ». Et de conclure : « Tournons la page et avançons ».
Victoire aux points de Harris
La preuve qu’elle est sortie victorieuse de ce débat houleux? Aussitôt le débat terminé, elle reçut un soutien de poids : celui de la superstar américaine Taylor Swift qui a annoncé, sur Instagram, qu’elle voterait pour la vice-présidente qui « défend les droits et les causes » auxquelles la chanteuse croit.
D’ailleurs, peu après le débat, l’équipe de campagne de la démocrate a mis solennellement au défi Donald Trump de la rencontrer dans un nouveau duel télévisé. « La vice-présidente est prête pour un deuxième débat. Donald Trump l’est-il? »
Au final, de manière générale, la presse généraliste américaine estime que Kamala Harris a été plus à l’aise tout au long du débat. Et que Donald Trump a été déstabilisé à plusieurs reprises. « Harris ébranle un Trump en colère », titre NBC News. En ajoutant que « l’ancien président Donald Trump a découvert mardi soir qu’il avait désormais un rival beaucoup plus coriace entre les mains ».
« Précision et programme pour Harris contre chaos, colère et désinformation pour Trump », résume la presse américaine. « Trump a été mauvais et Harris a incontestablement gagné. Elle a vengé la défaite de Joe Biden lors du premier débat », conclut un fin connaisseur de la vie politique américaine.