Selon les premières hypothèses de la Loi de finances 2025, le prix de référence du baril de Brent est de 77,4 dollars. Cela représente une baisse par rapport aux dernières années. S’agit-il d’une estimation cohérente avec ce qui se passe sur le marché?
Jetons un coup d’œil sur les cours. Le début de la semaine a été calme. La faible demande chinoise a compensé les perturbations de l’offre américaine dues à la tempête tropicale Francine et les risques de surabondance de l’offre mondiale de pétrole. Les contrats à terme sur le pétrole Brent sont à 71,05 dollars le baril.
Successions de nouvelles
Les données chinoises publiées lundi 9 septembre 2024 ont montré que l’inflation s’est accélérée en août, atteignant son niveau le plus élevé en six mois. C’est presque une surprise du moment que la demande intérieure demeure fragile et que la déflation des prix à la production s’est aggravée. Ces statistiques ont été suivies par celles des exportations, qui ont enregistré leur croissance la plus rapide depuis près d’un an et demi. Les importations ont régressé, reflétant un contexte de demande intérieure déprimée.
Puis, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est venue réduire ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2024. Elle a également révisé à la baisse ses attentes pour l’année prochaine, et ce pour la deuxième fois consécutive. La demande mondiale de pétrole augmenterait de 2,03 millions de barils par jour en 2024, contre une croissance de 2,11 millions de bpj prévue par le rapport du mois d’août.
Ainsi, l’hypothèse des 77,4 dollars tient plus que bon. Nous pensons qu’il y a même une marge pour réduire encore ce chiffre de quelques dollars d’ici la publication du document final.
Les prévisionnistes divergent sur le rythme de la transition du monde vers les énergies renouvelables. En ce qui concerne la Chine, l’OPEP s’inquiète des vents contraires dans le secteur immobilier.
Pour 2025, la croissance de la demande mondiale sera limitée à 1,74 million de barils par jours. Il n’y a donc aucun moteur pour que les prix repartent prochainement à la hausse.
Une aubaine pour la Tunisie
Ainsi, l’hypothèse des 77,4 dollars tient plus que bon. Nous pensons qu’il y a même une marge pour réduire encore ce chiffre de quelques dollars d’ici la publication du document final.
Même pour 2024, il y aura bien des économies sur les postes clés des dépenses, comme les salaires et la compensation, que nous estimons à 2 milliards de dinars au moins.
L’impact sur les finances publiques est très important. La facture de la compensation des carburants pourrait être réduite, ce qui permet de garder les prix à la pompe stables. Une telle approche contribuera à la maîtrise de l’inflation et ouvrira plus rapidement une fenêtre de tir pour la Banque centrale en matière d’assouplissement de sa politique monétaire. Le déficit serait réduit et les différents indicateurs macroéconomiques pourraient se détendre.
Même pour 2024, nous pensons que la facture définitive de la compensation sera moins importante que prévue. Ce qui rendra la fin de l’année moins compliquée pour le gouvernement. Il y aura bien des économies sur les postes clés des dépenses, comme les salaires et la compensation, que nous estimons à 2 milliards de dinars au moins.
L’objectif d’un déficit budgétaire de -6,6 % pour cette année est jouable, malgré tous les vents contraires.