Révolution ou suicide? Cette décision éthiopienne d’interdire l’importation de véhicules à essence ou diesel, considérée comme une première au monde, est saluée par tous les écolos. Mais ne risque-t-elle pas de faire plus de mal que du bien à la population?
Plusieurs médias rapportent que l’Ethiopie, le second pays le plus peuplé du continent africain, après l’Egypte, et dirigé depuis 2018 par le Premier ministre Abiy Ahmed, a interdit l’importation de véhicules à essence ou diesel. Et ce, dans le but de pousser les habitants du pays le plus peuplé d’Afrique à se mettre à l’électrique. Le gouvernement prévoit 440 000 véhicules électriques en circulation d’ici à 2030.
« En vigueur depuis janvier, cette règle imposée par le ministère des Transports et de la Logistique vise d’abord à réaliser des économies », écrit Le Monde, citant un expert au sein dudit ministère. « Le décret doit d’abord nous aider à rationaliser nos dépenses en devises étrangères. Le pays dépense chaque année plusieurs milliards pour importer de l’essence », ajoute l’expert.
Quant au second objectif de cette transition, il est écologique. « Le Premier ministre Abiy Ahmed […] cherche à impulser une transition écologique, parfois radicale. Ce dernier a par exemple inauguré le plus grand barrage hydraulique d’Afrique, ou encore fait planter 5 milliards d’arbres pour reboiser le pays », souligne le quotidien français.
Toutefois, Samson Berhane, analyste éthiopien, estime que cette décision est prématurée. « Le pays n’est pas préparé à cette transition. Il n’y a qu’une borne de recharge publique et seulement deux garages spécialisés dans tout le pays ». A ce handicap s’ajoute le fait qu’il est difficile de se procurer les pièces détachées. « Du fait du manque d’infrastructures, de nombreux Éthiopiens, comme le chef d’entreprise Yekenalem Abebe, sont obligés de recharger les batteries de leur véhicule à domicile, au gré des coupures de courant ».
Du coup, beaucoup d’analystes pensent que cette interdiction d’importation de véhicules à essence ou diesel risque levée « dans le cadre des négociations pour l’adhésion de l’Ethiopie à l’OMC (Organisation mondiale du commerce), probablement en 2026. Ce qui poussera le pays à revoir toute sa législation en matière d’importation.
Mais qui sait, le gouvernement éthiopien est parvenu, contre vents et marées, à produire suffisamment du blé et même d’en exporter vers d’autres pays. Qui l’aurait pensé au milieu des années 80, plus précisément quand quelque 300 000 personnes ont perdu la vie à cause de la famine? Ce qu’on surnomma « la grande famine éthiopienne ». Qui ne se rappelle pas de cette mobilisation mondiale musicale avec cette appellation « We Are the World »?
Affaire à suivre.