Les Etats-Unis, qui étaient formellement opposés à l’utilisation de missiles de longue portée par l’Ukraine dans le cadre de la guerre que le pays mène contre la Russie, envisagent désormais d’alléger la réglementation à ce sujet. S’apprêtent-ils à franchir la ligne rouge en défiant l’Ours russe avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la région et au-delà?
Ira-t-on vers un conflit ouvert entre les pays de l’Otan et la Russie de Poutine? Ce scénario cauchemardesque n’est pas exclu après que le président américain Joe Biden- cédant à l’appel du pied de plus en plus pressant de la part du régime du président Volodymyr Zelensky qui réclame en vain depuis des semaines l’autorisation de recourir à ces armes de longue portée capables de frapper les bases russes d’où partent les attaques contre l’Ukraine- eût annoncé que les États-Unis « envisageaient » la possibilité d’autoriser ce pays à utiliser des missiles à plus longue portée contre la Russie.
De facto, cette dangereuse escalade pourrait amener Washington à lever les restrictions imposées à l’Ukraine pour l’empêcher de frapper profondément en territoire russe avec des missiles de longue portée d’origine occidentale et notamment américaine.
Quelle mouche a piqué Joe Biden?
Mais pourquoi diable, s’interrogent les commentateurs, l’actuel locataire de la Maison Blanche, en fin de mandat, prendrait-il le risque de provoquer l’ire de la Russie, une puissance nucléaire, avec une telle décision lourde de conséquences?
D’autant plus que ces missiles ont la capacité de frapper les aéroports militaires, les centres de commandement ainsi que les dépôts de munitions et d’essence; causant ainsi des dégâts considérables à la logistique de guerre russe.
A savoir que Kiev a déjà ciblé des infrastructures militaires en Russie à plusieurs reprises avec des drones de fabrication locale, qui sont plus lents et plus faciles à contrer que des missiles.
Toutefois, Washington a donné son aval à des frappes de l’Ukraine en territoire russe à proximité de sa frontière avec des missiles américains et anglais, mais à condition que cet armement serve uniquement pour contrer des attaques imminentes contre son propre territoire.
Téhéran s’invite à la guerre d’Ukraine
Officiellement, l’évolution de la position américaine s’explique par l’implication directe de son ennemi iranien dans le conflit russo-ukrainien. Ce qui aurait poussé les États-Unis à reconsidérer leur approche, en cherchant à rééquilibrer les forces en présence.
En effet, lors d’une récente visite en Grande-Bretagne, qui a déjà fourni à l’Ukraine des missiles Storm Shadow d’une portée de 250 à 400 kilomètres, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, a accusé l’Iran d’avoir fourni des missiles balistiques à la Russie. « Ce transfert de technologie marque une escalade importante du conflit, d’autant plus que des soldats russes avaient été formés en Iran pour utiliser ces missiles, capables de frapper jusqu’à 120 kilomètres », selon les déclarations du chef de la diplomatie américaine.
L’avertissement de Poutine
Réaction immédiate du maître du Kremlin qui a brandi à plusieurs reprises la possibilité de frappes de représailles avec des armes nucléaires tactiques si son régime est ciblé. Ainsi, a-t-il affirmé, hier jeudi 12 septembre, que si les Occidentaux autorisaient l’Ukraine à frapper le territoire russe avec les missiles à longue portée qui lui ont été fournis, cela signifierait que « les pays de l’OTAN sont en guerre contre la Russie ».
« Si cette décision est prise, cela ne signifierait rien de moins qu’une implication directe des pays de l’OTAN dans la guerre en Ukraine. Cela changerait la nature même du conflit. Cela signifierait que les pays de l’OTAN sont en guerre contre la Russie », a martelé Vladimir Poutine dans une vidéo publiée sur Telegram.
Pour sa part, le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, tout en brandissant la menace d’une riposte russe impliquant « des armes plus puissantes et plus destructrices » si les Occidentaux franchissaient cette ligne rouge, a lancé un avertissement sévère aux pays occidentaux, en particulier aux États-Unis, à l’Allemagne, à la France et à la Grande-Bretagne : « Ces nations deviendraient des cobelligérants si elles permettaient à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre le territoire russe », a-t-il précisé en considérant que chaque nouvelle livraison d’armes à l’Ukraine est une « provocation directe ».
Risques d’escalade
La situation actuelle soulève de sérieuses inquiétudes quant à une possible escalade du conflit. D’un côté, la Russie menace d’utiliser des armes plus destructrices si elle estime que sa sécurité est menacée. De l’autre, les pays occidentaux envisagent de fournir à l’Ukraine des capacités militaires accrues, potentiellement capables de frapper le territoire russe plus en profondeur.
Au final, les pays de l’Otan se trouvent ainsi face à un défi majeur : comment soutenir l’Ukraine en lui fournissant des capacités militaires accrues, potentiellement capables de frapper le territoire russe plus en profondeur tout en évitant une confrontation directe avec la Russie qui menace d’utiliser des armes plus destructrices, y compris les armes nucléaires tactiques, si elle estime que sa sécurité est menacée? Terrible dilemme.