ZOOM 4 – La perception des risques d’inflation en Tunisie
Dans le cadre de l’élaboration du projet de budget 2025 en Tunisie, la politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie (BCT) revêt une importance particulière en tant que levier complémentaire à la politique budgétaire.
Alors que le gouvernement s’efforce de gérer le déficit budgétaire et d’encourager la reprise économique, la BCT doit veiller à ce que ses actions, notamment la gestion des taux d’intérêt, ne compromettent pas les équilibres macroéconomiques du pays.
En effet, toute réduction des taux d’intérêt, visant à stimuler la demande intérieure et les investissements, pourrait avoir des répercussions négatives si elle n’est pas coordonnée avec des réformes structurelles.
Une baisse prématurée des taux pourrait entraîner une pression inflationniste accrue ou augmenter les importations, ce qui affaiblirait encore plus la balance des paiements.
Ainsi, dans un contexte où la Tunisie doit déjà faire face à une inflation de 6,7% et à des défis en matière de financement extérieur, une telle politique monétaire risquerait de fragiliser davantage l’économie.
La coordination entre la politique monétaire et les réformes budgétaires devient donc cruciale. Par exemple, si la BCT décide d’assouplir sa politique pour soutenir la croissance économique, il est essentiel que des réformes structurelles soient en place pour améliorer la productivité et canaliser les investissements vers des secteurs à forte valeur ajoutée.
Cela permettrait d’éviter que les gains obtenus par une politique monétaire accommodante ne soient effacés par une dépréciation de la monnaie ou une hausse des prix, et assurerait que l’impact budgétaire se traduise par une croissance économique durable.
Pour autant, l’inflation est un facteur central dans la politique monétaire de tout pays, et la Tunisie ne fait pas exception. Avec une inflation qui a atteint des niveaux proches des 7 %, la Banque centrale de Tunisie se trouve dans une position délicate.
Bien que les anticipations inflationnistes semblent montrer une tendance à la baisse, la prudence reste de mise dans la gestion des taux d’intérêt et des outils monétaires.
L’inflation est un facteur central dans la politique monétaire de tout pays, et la Tunisie ne fait pas exception. Avec une inflation qui a atteint des niveaux proches des 7 %, la Banque centrale de Tunisie se trouve dans une position délicate.
Contexte inflationniste en Tunisie
L’inflation en Tunisie est en grande partie attribuable à plusieurs facteurs internes et externes. La hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, les fluctuations des taux de change, ainsi que les tensions sur l’offre de biens essentiels ont contribué à alimenter cette dynamique inflationniste.
En outre, le manque de réformes structurelles dans certains secteurs économiques a limité la capacité du pays à absorber efficacement les chocs externes.
Déjà, en 2023, malgré certaines interventions monétaires, l’inflation avait dépassé la barre des 9 %, créant ainsi des pressions sur le pouvoir d’achat et un climat d’incertitude économique.
En outre, le manque de réformes structurelles dans certains secteurs économiques a limité la capacité du pays à absorber efficacement les chocs externes.
Comparaison avec l’Union européenne
En parallèle, la Banque centrale européenne (BCE) s’inquiète du risque d’une inflation trop faible, avec un objectif de 2 % à moyen terme.
Cette différence dans les dynamiques inflations met en lumière l’écart entre les préoccupations de la BCE, où la crainte d’une croissance économique ralentie domine, et celles de la Tunisie, qui lutte pour maîtriser des niveaux élevés d’inflation.
La gestion des risques inflationnistes par la BCT
La Banque centrale de Tunisie est confrontée à un dilemme. D’une part, elle doit contenir l’inflation pour éviter l’érosion du pouvoir d’achat et maintenir la stabilité macroéconomique. D’autre part, une politique monétaire trop restrictive pourrait freiner la croissance économique dans un contexte où le pays a besoin d’un regain d’investissement et de consommation.
La prudence est donc essentielle dans l’approche de la BCT. Toute réduction des taux d’intérêt doit être précédée d’une évaluation rigoureuse des pressions inflationnistes et des risques futurs.
Si les anticipations inflationnistes montrent effectivement une baisse, cela pourrait fournir une fenêtre d’opportunité pour un assouplissement monétaire.
Toutefois, une telle approche doit être accompagnée d’autres réformes pour garantir que l’atterrissage en douceur de la politique monétaire ne relance pas l’inflation à moyen terme.
En l’absence de ces réformes structurelles, une simple réduction des taux pourrait entraîner un retour rapide à une inflation élevée, en particulier si des facteurs externes comme la volatilité des prix des matières premières continuent de perturber l’économie tunisienne.
Anticipations inflationnistes et politique monétaire
Les anticipations d’inflation jouent un rôle crucial dans la définition des politiques monétaires. Si la tendance à la baisse de l’inflation se confirme, cela pourrait permettre à la BCT de se concentrer sur la relance économique à travers une politique monétaire plus souple.
Néanmoins, il est essentiel que cette stratégie soit accompagnée de mesures visant à renforcer l’offre locale, à diversifier l’économie et à améliorer l’environnement des affaires.
En l’absence de ces réformes structurelles, une simple réduction des taux pourrait entraîner un retour rapide à une inflation élevée, en particulier si des facteurs externes comme la volatilité des prix des matières premières continuent de perturber l’économie tunisienne.
En définitive, en Tunisie, la perception des risques inflationnistes doit être soigneusement ajustée en fonction des tendances récentes et des perspectives futures. Si la BCE se préoccupe du risque d’une inflation faible, la BCT doit faire face à l’inverse, avec une inflation élevée nécessitant une gestion prudente.
L’équilibre entre le contrôle de l’inflation et le soutien à la croissance est délicat, et la BCT devra s’appuyer sur des anticipations inflationnistes crédibles et sur des réformes profondes pour éviter de nouvelles perturbations économiques.
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A suivre…
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)