Dans son dernier rapport qui s’intitule « le piège du revenu intermédiaire », la Banque mondiale décrit une démarche pour surmonter les différents obstacles qui empêchent 108 pays de rejoindre le groupe des pays à revenu élevé.
Une « Stratégie des 3i » est proposée en fonction des niveaux de développement consistant à mener un réglage fin des politiques économiques en matière d’investissement, d’infusion et d’innovation.
– Investissement : dans une première phase, les pays à faible revenu se concentrent principalement sur l’investissement en instaurant un environnement concurrentiel sain et transparent, favorisant l’accès au marché tant pour les grandes entreprises que pour les startups.
– Infusion : une fois dans la catégorie de revenu intermédiaire inférieur, les autorités devraient développer une combinaison d’investissement et d’infusion. L’infusion implique l’intégration et la diffusion de technologies étrangères dans l’économie, en tirant parti des connaissances et des compétences d’une diaspora hautement qualifiée.
– Innovation : une fois au stade de revenu intermédiaire supérieur, les pays devraient compléter l’investissement et l’infusion par l’innovation en stimulant l’activité de recherche et développement.
Un ancrage de l’économie tunisienne à la « Stratégie des 3i » est-il à l’ordre du jour? Selon la « Stratégie des 3i », la Tunisie devrait passer à la deuxième phase combinant l’investissement et l’infusion. Cependant, cela exige au préalable un environnement économique stable et favorable à l’investissement. Seulement, celui-ci peine à démarrer dans un climat fortement touché par l’attentisme.
Quant au potentiel de transfert de connaissances, bien que la Tunisie dispose d’une diaspora hautement qualifiée, l’environnement des affaires demeure peu attractif pour attirer le savoir-faire de la diaspora et drainer leur épargne vers des projets innovants.
Selon l’indice mondial de l’innovation 2023, la Tunisie est classée 79ème sur 132 pays et 9ème dans son groupe. Le rapport souligne que les résultats obtenus sont au-delà des attentes, étant donné le niveau de développement atteint. Bref, l’innovation est possible. Toutefois, cela exige un investissement public de taille pour booster la recherche et moderniser le système éducatif. Or, comment peut-on renouer avec la « Stratégie des 3i » lorsque l’investissement demeure en berne, que les compétences désertent le pays et que l’investissement dans la recherche n’est plus dans le radar des finances publiques, vu les contraintes qui pèsent dans le bouclage du budget?
Par Noura Harboub-Labidi
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 902 du 11 au 25 septembre 2024