Il est prévu que les problèmes de l’aggravation du déficit de liquidité bancaire et de l’augmentation de la valeur de la circulation monétaire couvriront les spéculations sur la réduction ou la stabilisation du taux d’intérêt principal lors de la réunion du Conseil d’administration de la Banque centrale du Maroc, ou Bank Al-Maghrib, qui se tiendra mardi 24 septembre. Après avoir enregistré une série d’indicateurs inquiétants à cet égard depuis la dernière réunion, elle a vu en juin le taux d’intérêt baisser de 0,25 point à 2,75 %, après l’avoir maintenu à 3 % pendant quatre années consécutives.
La valeur de la popularité du « cash » a bondi immédiatement après la dernière réunion trimestrielle de la Banque centrale, plus précisément fin juillet dernier, à 421,5 milliards de dirhams (38,9 milliards d’euros), avec une hausse de 10 % par rapport à la même période de l’année dernière, soit une augmentation de 38,3 milliards de dirhams.
Ce boom croissant du cash a par la suite exacerbé les tensions sur la liquidité bancaire au cours des trois derniers mois, avant que celle-ci ne se stabilise à 145 milliards de dirhams au cours de la semaine allant du 5 au 11 septembre.
Sur cette base, Bank Al-Maghrib a réduit ses avances à sept jours de 3,7 milliards de dirhams, pour s’établir à 61,3 milliards de dirhams. Tandis que les dépôts du Trésor ont connu une hausse notable, le solde maximum journalier ayant atteint 19,2 milliards de dirhams, contre 10,3 milliards de dirhams au cours de la période précédente, rapportent les médias locaux.
Cependant, cette fluctuation des chiffres continue d’indiquer les défis persistants auxquels sont confrontés les établissements bancaires dans la gestion des liquidités. Ce qui soulève des questions sur l’étendue de la capacité du secteur bancaire à s’adapter à cette crise qui s’aggrave.
Bataille à double sens
Entre les pressions inflationnistes et le déficit de liquidité bancaire, Bank Al-Maghrib se trouve dans une position critique, estiment les analystes. Car si elle prenait la décision de relever à nouveau le taux d’intérêt principal, ce qui est peu probable, cela pourrait entraîner une augmentation du coût pour les banques qui aggraverait la crise de liquidité. En revanche, si elle décide de ne pas relever les taux d’intérêt, l’économie nationale pourrait souffrir de la poursuite de la hausse des prix. Et ce, même si les dernières statistiques publiées par le Haut-Commissariat au Plan révèlent un ralentissement du taux d’inflation à 1,3 % en juillet dernier.
Scénarios de crise de liquidité
Le problème de la liquidité bancaire pourrait se transformer en une crise globale si la situation perdure, le manque de liquidité augmente le risque de défaut et réduit la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire. À long terme, cela pourrait conduire à une récession économique plus profonde. Et c’est pourquoi la Banque du Maroc est appelée, lors de son prochain conseil d’administration, à prendre des mesures urgentes pour injecter davantage de liquidités sur le marché, que ce soit en fournissant des facilités bancaires plus importantes qu’en augmentant les liquidités.
Salim Chihabi, consultant financier et bancaire, a déclaré à ce propos au média marocain Hesspress : « Si la Banque du Maroc n’agit pas rapidement, nous pourrions assister à une hausse des taux d’intérêt entre les banques. Ce qui augmenterait le coût des prêts aux entreprises et aux particuliers, et cela entraînerait à son tour une baisse des investissements et une augmentation des taux de chômage ». Et d’ajouter : « La liquidité bancaire est une question vitale qui nécessite que la Banque centrale et les acteurs économiques envisagent des solutions innovantes et durables, remettant en question sa capacité à prendre les mesures nécessaires pour résoudre cette crise sans affecter négativement le secteur bancaire et la stabilité de l’économie nationale ».
Toujours selon M. Chihabi, « les dimensions de la crise de liquidité apparaissent dans l’épuisement des réserves. Car pour faire face à ce déficit, les banques pourraient recourir de plus en plus à des emprunts auprès de la Banque du Maroc. Ce qui accroîtrait la pression sur ses réserves de trésorerie et limiterait sa capacité à intervenir pour maintenir la stabilité économique ».
D’ailleurs, il note que « l’augmentation des opérations de financement monétaire aura de graves répercussions à l’avenir si le déficit persiste pendant une longue période. La banque centrale pourrait recourir à l’émission de davantage de billets pour répondre aux besoins de liquidités, ce qui augmenterait les possibilités de l’inflation monétaire ».