La France a dévoilé, samedi 21 septembre 2024, son nouveau gouvernement qui vise à trouver un juste équilibre entre droite et centristes, le Premier ministre Michel Barnier espérant sortir de l’impasse politique après des élections anticipées qui ont donné lieu à une Assemblée nationale sans majorité absolue.
Après deux mois et demi d’incertitude politique depuis la décision surprise du président Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées, et après deux semaines de négociations, Michel Barnier a constitué un cabinet qui, espère-t-il, trouvera un soutien multipartite au sein d’un Parlement fragmenté.
Composée de peu de poids lourds politiques, son équipe compte notamment l’un des chefs du parti conservateur de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Bruno Retailleau, qui a négocié le convoité ministère de l’Intérieur comme prix d’un soutien à l’Assemblée nationale.
Mais, preuve de la fragilité du gouvernement, le poste prestigieux de ministre des Finances a été confié à un jeune homme de 33 ans peu connu, Antoine Armand, du parti de Macron, après avoir été refusé par des hommes politiques plus haut placés.
Le portefeuille des Finances publiques, partagé avec le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, aura la tâche peu enviable d’élaborer un projet de loi de finances avant janvier, au moment où la France peine à contenir un déficit budgétaire en spirale.
« Il faut réduire les dépenses publiques et les rendre plus efficaces », a déclaré M. Armand au Journal du Dimanche dans un entretien publié samedi. « Si la solution était d’augmenter les impôts, la France serait depuis longtemps la première superpuissance mondiale ».
Concessions et manœuvres
Malgré l’arrivée de dix élus LR au gouvernement, Barnier a maintenu à des postes clés plusieurs ministres sortants. Un seul homme de gauche a rejoint le gouvernement, Didier Migaud, qui devient ministre de la Justice.
Jean-Noël Barrot, ministre sortant des Affaires européennes, est promu ministre des Affaires étrangères. Et Sébastien Lecornu reste ministre de la Défense.
Macron a nommé Barnier, ancien négociateur du Brexit de l’Union européenne et homme politique chevronné de 73 ans, au poste de Premier ministre au début du mois, mais les longues discussions qu’il a dû mener pour constituer une équipe ont illustré les tâches difficiles à venir.
Les partis centristes et de droite républicaine ont réussi à unir leurs forces, mais dépendront des autres, et notamment du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, pour se maintenir au pouvoir et faire adopter des projets de loi par une Assemblée très fracturée.
« Le gouvernement centriste est de fait un gouvernement minoritaire », ont indiqué les analystes d’Eurointelligence dans une note. Ses ministres « devront non seulement s’entendre entre eux, mais aussi avoir besoin des votes des partis d’opposition pour que ses projets de loi soient adoptés à l’Assemblée. Cela signifie qu’il faudra faire encore plus de concessions et de manœuvres ».
Le RN a apporté un soutien tacite au mandat de Barnier, mais s’est réservé le droit de se retirer à tout moment si ses préoccupations concernant l’immigration, la sécurité et d’autres questions n’étaient pas satisfaites.
Signalons enfin que suite à l’annonce du nouveau gouvernement, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes, à l’appel des partis de la gauche française, qui est la grande absente du gouvernement.
« Je suis en colère de voir un gouvernement qui semble vouloir recycler tous les perdants des élections », a déclaré à TF1 Mathilde Panot, présidente du groupe d’extrême gauche LFI à l’Assemblée.