Le Réseau tunisien des droits et des libertés a organisé un rassemblement de protestation ce dimanche 22 septembre 2024, de 14h00 à 16h00, devant le Théâtre municipal de Tunis. Cet événement vise à défendre l’État de droit ainsi que les droits politiques et civils, en réaction à la récente modification de la loi électorale par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Cette modification, intervenue une semaine après le début de la campagne électorale et à quelques jours du scrutin, soulève des inquiétudes quant à une possible manipulation des élections et remet en question les fondements du système républicain.
Les participants ont exprimé leur mécontentement face à cette décision sans précédent, qui vise à retirer au Tribunal administratif son rôle de surveillance du processus électoral.
Faouzi Charfi, secrétaire général du parti Al Massar, a souligné l’importance de défendre les idéaux de la révolution, notamment la liberté et la dignité nationale. Il a insisté sur le fait que les jeunes générations n’ont pas encore obtenu la liberté pour laquelle tant de sacrifices ont été faits.
Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), a également dénoncé le comportement du pouvoir exécutif et d’une partie du Conseil des députés, le qualifiant d’abus des institutions et d’indicateur alarmant à seulement 25 jours des élections. « Cette situation est perçue comme une atteinte aux droits fondamentaux », poursuit-il.
Le coordinateur général de la Coalition Soumoud, Houssem Hammi, a dénoncé le changement des règles du jeu à quelques jours des élections présidentielles. Ce qui conduit selon lui, « Ce dispositif vise de passer en force et de piétiner l’état de droit tout en enfreignant les procédures ».
Même constat pour Néji Jalloul, activiste politique ayant souligné comme suit: « La répression des libertés a atteint des sommets sans précédent. En ce 22 septembre 2024, tout comme le 14 janvier, la liberté demeure vivante. Nous sommes réunis aujourd’hui pour affirmer notre volonté de contrer les forces qui menacent la liberté et la démocratie. Notre plus grande victoire aujourd’hui est d’avoir réussi à briser le mur de la peur. »
Nafâa Laaribi, membre du comité de défense d’Abir Moussi et avocat, a qualifié le projet de loi d’extrêmement dangereux, affirmant qu’il va à l’encontre des bonnes pratiques électorales reconnues par la Commission de Venise et d’autres instances internationales. Il a exprimé sa surprise face à une telle initiative présentée par un petit groupe de députés en pleine campagne électorale. Il précise dans ce contexte : « c‘est la raison pour laquelle on est sortis aujourd’hui. On va voir ce qui va se passer, on va voir la réaction du pouvoir en place, comment ils vont réagir. Tout de même, il s’agit de milliers de Tunisiens qui sont sortis aujourd’hui. Leurs voix ne sont pas anodines, elles sont audibles, et cette manifestation doit vraiment être prise en considération ».
Evoquant le prochain rassemblement du PDL, Nafâa Laâribi a souligné que le rassemblement du 28 septembre 2024 est ouvert à tout le monde, à toutes les composantes politiques et de la société civile.
Au-delà des personnalités politiques présentes, de nombreux citoyens, jeunes et moins jeunes, ont participé au rassemblement. Ils ont également appelé à la libération des prisonniers d’opinion et des acteurs civils et politiques, en scandant des slogans tels que « liberté, dignité et droits ».
En somme, ce rassemblement met en lumière l’importance de la mobilisation citoyenne dans la lutte pour les droits fondamentaux dans le pays.