Comble de la perfidie. En pleine escalade avec le Hezbollah libanais et pendant que les massacres se poursuivent à Gaza, Washington – tout en appelant, jeudi 26 septembre, à une trêve « immédiate » de vingt-et-un jours entre les deux belligérants – accorde le même jour un don de 8,7 milliards de dollars à son allié israélien.
Le cynisme de l’administration américaine n’a pas de limites. Pendant que l’État hébreu poursuit sa guerre d’extermination des Palestiniens et ses bombardements meurtriers du Liban, et alors que le représentant américain évoquait du bout des lèvres – jeudi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, grand-messe annuelle réunissant les chefs d’État et de gouvernement de la planète, une trêve « immédiate » de vingt-et-un jours afin de « donner une chance à la diplomatie », et dans le but « d’endiguer le risque grandissant d’un conflit à plus grande échelle au Moyen-Orient » -, les États-Unis accordent le jour même à l’État hébreu un nouveau train d’aide militaire de 8,7 milliards de dollars.
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Pis. L’annonce de ce nouveau financement du plus gros bailleur d’aide militaire à Israël intervient le jour même où le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exhorté à la tribune de l’ONU la communauté internationale à arrêter « d’envoyer des armes à Israël », jugeant « le monde entier responsable de ce que subit le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie ». Sachant que le président français, Emmanuel Macron, a estimé que ce serait « une faute » de la part de Netanyahou de refuser le cessez-le-feu proposé et que le Premier ministre israélien prendrait la « responsabilité d’une escalade régionale ».
Entre-temps, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a rencontré Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques israélien, pour un entretien sur cette proposition internationale de cessez-le-feu. « Une escalade rendra plus difficile le retour chez eux des citoyens israéliens et libanais », a indiqué son porte-parole, Matthew Miller, tandis que le ministre de la Défense américain, Lloyd Austin, a lui aussi mis en garde contre une « guerre totale » qui « serait dévastatrice pour Israël et le Liban », estimant qu’un cessez-le-feu pourrait permettre de conclure également un accord de trêve à Gaza.
« Écraser le Hezbollah »
Or, fort de l’appui américain, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, soutenu par des ministres clés de sa coalition gouvernementale, a rejeté la proposition de cessez-le-feu avec le Hezbollah libanais en promettant de le combattre « jusqu’à la victoire ».
Pour sa part, le ministre des Finances, l’allié d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a estimé que la seule issue était d’« écraser le Hezbollah ». Un autre ministre d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a de son côté menacé de boycotter les travaux du gouvernement si Israël accepte ce cessez-le-feu temporaire. Or, l’appui de son parti, Otzma Yehudit, est indispensable à la coalition conduite par Benyamin Netanyahou.
Aubaine
En effet, il s’avère que les négociations secrètes entre Israël et les États-Unis ont abouti au déblocage de 3,5 milliards de dollars en vue de l’achat de matériel et d’équipement de guerre et 5,2 milliards de dollars destinés aux systèmes de défense antiaériens, notamment les boucliers antimissiles “Dôme de Fer“ et “Fronde de David“, ainsi qu’un système laser de pointe. Et ce, « en soutien à l’effort militaire en cours d’Israël », s’est réjoui le ministère de la Défense israélien, alors que l’État hébreu est en pleine escalade avec le Hezbollah libanais et en guerre à Gaza.
Un système laser dernier cri
Rappelons à ce propos qu’Israël travaille depuis plusieurs années à un système antimissile par laser qui pourrait lui donner un avantage considérable face à l’arsenal de roquettes et missiles dont dispose le Hezbollah libanais sur son flanc nord.
En 2021, le ministère de la Défense avait indiqué travailler avec le groupe d’armement israélien Elbit Systems sur un faisceau laser très puissant pouvant être installé à bord d’un petit avion civil et qui permettrait de viser n’importe quel objet volant, comme des « drones, des obus, des roquettes, des missiles balistiques ».
Violence meurtrière
Rappelons enfin que sur la frontière libano-israélienne, les tirs ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban. Suivie par des frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth et la plaine de la Bekaa qui ont fait plus de 700 morts, dont de nombreux civils, et qui ont jeté plus de 90 000 personnes sur les routes au Liban, selon l’ONU.
En près d’un an, ces violences ont causé la mort de 1 540 personnes au Liban alors que selon le gouvernement israélien, 9 360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d’un an.
Pendant ce temps, Israël poursuit aussi son offensive dans la bande de Gaza où la défense civile a annoncé, jeudi 26 septembre, la mort de quinze personnes dans une frappe israélienne contre une école accueillant des déplacés dans le camp de Jabaliya, au nord de l’enclave palestinienne.
Au total, 41 000 morts et plus de 94 000 blessés ont été enregistrés depuis l’invasion de Gaza par l’armée d’occupation israélienne.