Le fait que la France emprunte désormais plus cher que la Grèce sur les marchés financiers internationaux est aujourd’hui souligné par de nombreux médias français. Le journal Le Monde, dans un article intitulé « Nouvelles pressions sur les taux d’intérêt français », souligne que, jeudi 26 septembre 2024, le taux d’emprunt de la France pour les obligations à cinq ans était à 2,48%, contre 2,40% pour la Grèce…
« Il est clair qu’à moyen terme, les marchés financiers ont un peu plus confiance dans un pays qui a fait défaut il y a quinze ans qu’en France », ajoute le quotidien Le Monde, notant que dans la zone euro, il n’y a plus beaucoup de pays en situation de défaut de taux d’intérêt à cinq ans supérieurs à ceux de la France.
Les pays du Nord empruntent certes à des taux d’intérêt plus bas (Allemagne 2%, Pays-Bas 2,1%), mais cela vaut aussi pour d’autres pays, comme le Portugal (2,2%), la Belgique (2,4%) et l’Espagne (2,45%).
Les analystes économiques de la banque britannique Barclays, dans une note publiée le 26 septembre, soulignent que « la France n’a aucune crédibilité en Europe » et que cela est dû en partie à l’instabilité gouvernementale des derniers mois. Le journal note cependant qu’il serait exagéré de parler aujourd’hui de crise financière, dans la mesure où la Banque centrale européenne a commencé à baisser ses taux d’intérêt, tout en rappelant que la France se finance actuellement avec un taux d’intérêt plus élevé que les taux d’intérêt de ses voisins, mais à un taux inférieur à celui du début de l’année, où le taux quinquennal était à peine supérieur à 3%.
Il souligne également que l’État français n’a aucun problème à vendre sa dette, puisque la dernière adjudication, le 19 septembre, s’est déroulée sans encombre, avec une demande des investisseurs deux fois supérieure à celle des obligations émises.
« Peu d’acteurs du marché semblent croire à un scénario similaire à celui de la Grèce, où le pays avait fait faillite et n’avait pas pu être financé. Je ne pense pas que nous assisterons à un véritable glissement. La solvabilité de pays comme l’Italie et la France est assurée par la disponibilité des investisseurs pour la monnaie unique. L’euro, après le dollar, est pour eux une monnaie clé », a déclaré au journal Florent Delorme, gestionnaire d’actifs chez M&G. « La France a le potentiel pour durer, mais elle doit sortir de sa lente dérive, à mesure que l’écart avec les taux d’intérêt allemands se creuse et que la marge de manœuvre budgétaire se réduit chaque année », ajoute Gilles Moeck, économiste en chef chez AXA.