Expert de renommée internationale, Ezzeddine Khalfallah maitrise son sujet. En connaissance de cause, il mettra en exergue les enjeux énergétiques de la Tunisie, il proposera des solutions et évoquera avec plus de détails la solution de l’énergie renouvelable.
D’autres pistes que l’énergie renouvelable ?
En effet, pour l’avenir, on ne doit pas seulement penser à l’énergie renouvelable, il y a d’autres pistes à exploiter. On parle désormais de l’efficacité énergétique ou comment réduire la consommation tout en gardant le même service et le même confort. Plusieurs programmes, dans l’industrie, dans le résidentiel, dans le transport, dans les services, dans les hôtels, sont prévus. Exemple : la climatisation qui est responsable du pic électrique (4 850 MW en 2023). Un seul geste, celui de le mettre sur 26 degrés, peut nous faire gagner des centaines de MW. En fait, chaque degré nous fait gagner 7% sur la consommation. Si on met 26 au lieu de 25, on gagne 7%, si on met 26 au lieu de 24, on gagne 14%, etc.
Il y a d’autres gestes : s’assurer des performances énergétiques avant d’acheter un réfrigérateur, une machine à laver. Il y a des étiquettes de classification. Il faut choisir les classes 1, 2 ou 3. Les classes 4, 5, 6, 7 ou 8 sont énergivores. On ne les trouve plus d’ailleurs dans le circuit formel de distribution. Le vrai problème, donc, c’est le circuit informel. En 2014, une enquête a été faite. 80% des ventes de climatiseurs relevaient du marché parallèle, ils étaient en grande partie de classe 7 ou 8. Il y a aussi un travail à faire dans le bâtiment. Nous avons en Tunisie une réglementation thermique des bâtiments.
On parle aussi de mobilité électrique et d’hydrogène vert.
Pour la mobilité électrique, autrement dit les voitures électriques, le problème est posé en Tunisie. D’abord au niveau du coût, c’est encore assez cher. Il y a aussi le problème des stations de recharge. Ces stations sont coûteuses et puis et surtout, on doit connaitre le prix de l’électricité. Si c’est plus cher que l’essence, cela ne va pas être rentable. Pour ce qui est de l’hydrogène vert et selon la stratégie nationale, publiée au mois de mai, la Tunisie a un potentiel en renouvelable qui permet de produire à peu près 8 millions de tonnes d’hydrogène vert à l’horizon 2050, dont 6 millions pour l’export et 2 millions pour le marché local. Ils seront utilisés dans la production de l’ammoniac, de l’azote, principalement par le Groupe chimique.
Comment produit-on l’hydrogène vert ?
Avec un électrolyseur, un appareil qui dissocie dans la molécule d’eau (H2O) l’hydrogène de l’oxygène. On l’appellera hydrogène vert quand l’électricité qui a alimenté l’électrolyseur vient des renouvelables. Lorsque l’électricité vient du nucléaire, on l’appellera hydrogène rose… Il y a d’autres moyens de produire de l’hydrogène. En somme, il y a trois composantes : l’eau, l’électrolyseur et l’énergie renouvelable, dont, à l’évidence le pays est abondamment pourvue.
Cet extrait de l’interview est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 903 du 25 septembre au 9 octobre 2024