Le rôle des banques dans le financement vert n’a cessé de prendre de l’ampleur dans les pays avancés et certaines économies émergentes, notamment la Chine. Paradoxalement, la plupart des pays les moins avancés, qui sont considérés comme les plus vulnérables au risque climatique, restent toujours à la traîne. Le nouveau rapport de la Banque mondiale Finance et prospérité, paru en août 2024, indique que pour 60 % des banques des pays en développement, le financement climatique ne représente que 5 % de leur portefeuille de prêts et 28 % des banques de ces pays ne fournissent aucun financement dans ce domaine. De multiples raisons sont à l’origine de ce constat.
Persistance des lacunes en termes de taxonomie
La difficile identification des projets verts permettant de lutter contre le changement climatique. Selon la Banque mondiale, seulement 10 % des pays en développement ont mis en place des taxonomies en matière de finance durable, contre 76 % des pays avancés.
Forte exposition à la dette publique
Ainsi, depuis 2012, la dette publique détenue par les banques des pays émergents a augmenté de 35 %. Ce poids de plus en plus prépondérant des titres publics dans les bilans des banques ne peut qu’augmenter les difficultés de financement du développement en général et la lutte contre le changement climatique en particulier.
Réticence et manque de confiance des investisseurs
Le manque d’information sur les technologies vertes et les avancées timides des innovations financières durables intensifient la difficulté d’évaluer le risque climatique pour les entreprises et réduisent leurs demandes de financement des investissements respectueux de l’environnement.
Certes, le système bancaire seul n’est pas en mesure de faire face au déficit du financement de la transition écologique, bien qu’il domine le paysage financier des pays en développement. Des efforts collectifs nationaux et internationaux sont indispensables pour relever ce défi. Les autorités monétaires, les gouvernements, le secteur privé et les institutions internationales se doivent donc de conjuguer leurs efforts. Et ce, afin de mobiliser les financements nécessaires pour contenir des risques climatiques de plus en plus menaçants.
Au final, les analyses récentes de la Banque mondiale estiment qu’un changement climatique non atténué pourrait réduire le PIB de 12 % d’ici 2050. Une perte qui serait plus coûteuse pour les pays les moins avancés.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n°903 du 25 septembre au 9 octobre 2024