Lors de son intervention sur Jawhara FM le 30 septembre 2024, l’économiste Ridha Chkoundali a critiqué la décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de maintenir inchangé son taux directeur. Tout en insistant sur les répercussions de cette décison sur le secteur du bâtiment.
Selon lui, cette décision constitue un obstacle majeur pour les investissements, en particulier dans le secteur du bâtiment, déjà en grande difficulté avec un taux de croissance de -6 % cette année. M. Chkoundali plaide pour une réduction d’au moins 100 points du taux directeur afin d’offrir un soutien vital à ce secteur du bâtiment crucial de l’économie tunisienne.
Contradictions dans la politique monétaire de la BCT
Ridha Chkoundali dit voir des incohérences dans la politique de la BCT, notamment en lien avec son communiqué du 25 septembre 2024. Alors que les Banques centrales à travers le monde ont tendance à réduire leurs taux directeurs pour encourager les prêts et soutenir l’économie, la BCT a opté pour l’inverse. Cette décision va à contre-courant, d’autant plus que la Tunisie souffre d’une faible croissance économique et d’une baisse de l’inflation. Le contexte économique mondial, marqué encore par les répercussions de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, rend cette politique de la BCT surprenante.
Faiblesse de la croissance malgré des prévisions optimistes
Malgré une reconnaissance de la faiblesse de la croissance dans des secteurs vitaux comme la construction, les mines et l’énergie, la Banque centrale prévoit une amélioration pour la fin de l’année. Cette prévision repose sur une reprise de la demande intérieure et extérieure. Pour M. Chkoundali, cette projection optimiste entre en contradiction avec la décision de maintenir le taux directeur, qui freine justement les investissements nécessaires pour stimuler cette relance.
Une inflation sous-estimée et un pouvoir d’achat en chute libre
L’expert économique a également contesté les chiffres officiels de l’inflation, estimée à 6,7 % selon la BCT. Selon lui, l’inflation ressentie par les Tunisiens est beaucoup plus élevée. Il a précisé qu’une famille tunisienne de quatre personnes a besoin de 4 200 dinars par mois pour couvrir ses besoins sans recourir à l’endettement. Ce qui illustre la grave détérioration du pouvoir d’achat.
Appel à une réforme du cadre réglementaire de la BCT
Enfin, l’expert appelle à une révision du règlement interne de la Banque centrale. En effet, il estime qu’il est nécessaire que la BCT ajuste sa politique pour mieux prendre en compte à la fois l’inflation et la croissance économique. Cet équilibre est essentiel pour sortir la Tunisie de l’impasse économique actuelle et répondre aux besoins des secteurs en difficulté.