C’est une hécatombe dans la hiérarchie du Hezbollah que la machine de guerre israélienne est en train de perpétrer. Une victoire pour Israël et pour Netanyahu en particulier, et un échec tragique pour la résistance au Moyen-Orient en général et pour le Hezbollah principalement.
Si Israël a réussi à assassiner le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et des dizaines de ses amis et de ses collaborateurs avant lui et après lui, c’est parce que le parti chiite libanais était incapable de se protéger des infiltrations et de détecter à temps les espions que le Mossad a implantés dans ses rangs.
Depuis le début du ciblage des cadres du Hezbollah par l’aviation israélienne, il était évident qu’Israël recevait en temps réel de ses espions les informations sur les mouvements et les lieux de réunion des responsables du parti. Et en dépit du nombre effarant de victimes au sein du parti, aucun changement de stratégie ne semble avoir été adopté, et même Hassan Nasrallah n’a pu être protégé.
Le Hezbollah, c’est un fait, a de nombreux ennemis au Liban.
De nombreux opposants lui font assumer la responsabilité des guerres qui dévastent de temps à autre le pays. Cependant, le danger ne lui est pas venu de ceux-ci, mais des collaborateurs d’Israël qui ont réussi à infiltrer les structures du parti sans être détectés.
Le drame est que ces infiltrations du Hezbollah ne datent pas d’hier. En février 1992, le chef du Hezbollah d’alors, Abbas Moussaoui, fut assassiné dans un raid d’hélicoptères. Comment Israël a-t-il pu détecter l’endroit exact où se trouvait Moussaoui pour lui envoyer ses hélicoptères-tueurs sinon avec l’aide des espions qui infestaient déjà le Hezbollah? La même question peut être posée concernant l’assassinant de son successeur Hassan Nasrallah, le vendredi 27 septembre.
Deux ou trois heures avant l’assassinat de Nasrallah, Netanyahu était au podium de l’ONU et prononçait son discours devant une salle quasi-vide dans lequel, comme d’habitude, il a déversé son fiel sur l’Iran avant de clamer sans vergogne, tout en tapant du poing sur le pupitre, qu’ « Israël veut la paix, Israël aspire à la paix. Israël a fait la paix et fera encore la paix »…
Au moment où il prononçait de telles inepties, la machine de guerre de Netanyahu s’apprêtait à lancer 85 bombes sur l’immeuble où se trouvait le chef du Hezbollah!
Pratiquement tous les commentateurs se demandent si le Hezbollah se relèvera après cette série de coups assommants?
Il faut rappeler ici que quand, en février 1992, Israël assassina Abbas Moussaoui, le prédécesseur de Nasrallah, la presse israélienne, euphorique, titra alors : « Le problème avec le Hezbollah est résolu. » Huit ans après, le Hezbollah força Israël à se retirer du sud-Liban qu’il occupait depuis 1982.
Dans la guerre de juillet-août 2006, le parti chiite avait tenu en échec les envahisseurs israéliens, infligeant une défaite humiliante à « l’armée la plus puissante de la région ».
Cela dit, il faut bien préciser aussi que le monde en 1992 et même en 2006 était très différent de celui de 2024. Aujourd’hui, Israël qui ne démord pas de ses folles tentatives de dominer le Moyen-Orient, et les Etats-Unis qui s’accrochent désespérément à leur illusion de continuer à dominer le monde, sont engagés dans des guerres meurtrières dont l’issue déterminera le statut et la position du premier sur le plan régional et du second sur le plan mondial.
En effet, si Israël perd les guerres qu’il mène férocement contre les Palestiniens et les Libanais, son existence même dans la région ne sera plus assurée. Et si les Etats-Unis, comme il est de plus en plus évident, perdent la guerre qu’ils mènent contre la Russie par Ukrainiens interposés, ils seront dépossédés définitivement de leur statut de puissance hégémonique mondiale auquel ils s’accrochent hystériquement.
C’est dans ce cadre qu’Israël n’arrête pas de provoquer l’Iran, principal obstacle au projet israélien du « nouveau Moyen-Orient. Et ce, pour l’attirer dans une guerre où Netanyahu est convaincu, à juste titre, que Washington ne le laisserait pas seul face aux missiles iraniens.
C’est dans ce cadre aussi que, malgré les centaines de milliers de morts et les millions de réfugiés ukrainiens, malgré tous les signes de défaite de l’Ukraine et de victoire de la Russie, l’administration Biden continue de livrer aveuglément armes, munitions et argent du contribuable américain au régime en place à Kiev.
L’interconnexion entre ces deux conflits est clairement visible dans la coopération multiforme. Y compris sur le plan militaire entre l’Iran et la Russie d’une part; et l’aide massive de Washington au profit d’Israël dans ses guerres à Gaza et au Liban d’autre part.
Depuis 1939, le monde n’a jamais été aussi dangereux qu’il ne l’est en cette année terrible de 2024.
En 1939, les visées expansionnistes de Hitler et la théorie de « l’espace vital » de l’Allemagne nazie ont plongé le monde dans la guerre la plus destructrice de l’histoire humaine.
En 2024, la folle stratégie israélienne du « nouveau Moyen-Orient » et la poursuite hystérique par Washington du mirage de l’hégémonisme planétaire, nous rapprochent chaque jour un peu plus de la 3ème Guerre mondiale qui sonnerait la fin de la civilisation, pour ne pas dire la fin de la vie sur terre.