Le réseau de l’Iran au Moyen-Orient a subi coup sur coup les assauts israéliens ces deux dernières semaines. L’assassinat de Hassan Nasrallah, lors d’une série de frappes aériennes sur Beyrouth, a mis Téhéran dans l’embarras.
Le Hezbollah est l’allié stratégique le plus important de l’Iran dans la région. Il s’agit d’une organisation militante et politique que Téhéran a financée et soutenue depuis sa création en 1982. Jusqu’à devenir ce qui est largement considéré comme le groupe non étatique le plus lourdement armé au monde.
L’économie impose sa loi
Tout au long de la série d’agressions israéliennes, les généraux iraniens et le guide suprême n’ont pas cessé de promettre la vengeance. Toutefois, leurs actions et leur langage suggèrent une réponse plus mesurée jusqu’à présent. Une guerre totale avec Tel Aviv serait dévastatrice pour l’ensemble de la région; et surtout particulièrement préjudiciable à l’Iran. Son économie est en très mauvais état et les installations pétrolières pourraient être particulièrement vulnérables aux attaques.
Les prix du pétrole, très sensibles aux menaces pesant sur l’offre, oscillent toujours autour de 70 dollars le baril pour le Brent0 Ce qui suggère que les marchés prévoient également une réponse conservatrice de la part de l’Iran. Déjà, après l’assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran le 31 juillet 2024, la République islamique avait promis une réponse « sang pour sang », qui n’a toujours pas eu lieu.
L’économie iranienne a souffert d’années de sanctions occidentales paralysantes. Une inflation élevée et prolongée a érodé le pouvoir d’achat de la population. Pratiquement, le pays n’est pas en mesure de se permettre une guerre qui risque de prendre pour cible ses infrastructures essentielles.
Le président iranien récemment élu, Masoud Pezeshkian, semble déterminé à tenter de renverser la vapeur, notamment en exprimant son désir d’améliorer les relations avec l’Occident et de relancer les négociations sur l’accord nucléaire. Ce qui pourrait théoriquement alléger les sanctions imposées à Téhéran en échange d’une limitation de son programme nucléaire en plein essor.
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Pour l’instant, au moins, la priorité de l’Iran semble être de maintenir son influence régionale et de poursuivre la guerre d’usure contre Israël sans déclencher une confrontation plus large qui pourrait déstabiliser ses alliances au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen, ou entraîner des frappes contre l’Iran lui-même.
Une stratégie de patience
Le Hezbollah a déclaré qu’il nommerait son nouveau chef dès que possible et qu’il continuait à tirer des roquettes sur le territoire israélien. Ses combattants sont prêts à faire face à une l’incursion terrestre israélienne en cours depuis lundi soir 30 septembre. Pour le moment, il fait le strict minimum, car la bataille risque d’être longue.
Le prix humanitaire des affrontements est déjà lourd. Un million de personnes supplémentaires, soit un cinquième de la population libanaise, sont désormais déplacées. Plus de 1 000 Libanais ont été tués lors d’attaques israéliennes au cours des deux dernières semaines et 6 000 autres ont été blessés.
Bien que l’Iran soit en retrait, cela ne signifie pas qu’il va céder et abandonner. Il n’a tout simplement pas d’autre solution stratégique viable que de soutenir ses alliés qui lui apportent une profondeur stratégique.
Israël, quant à lui, ne montre aucun signe de recul et poursuit sa série de victoires tactiques, bien que celles-ci ne se soient pas encore traduites par la réalisation des objectifs stratégiques du gouvernement Netanyahu. A savoir forcer le Hezbollah à s’éloigner de sa frontière septentrionale, afin qu’il puisse faire rentrer ses résidents déplacés dans leurs foyers.
Jusqu’à maintenant, il est extrêmement difficile de voir où va ce conflit régional et s’il s’agit du début de la fin, ou de la fin du début.