Les dockers de la côte Est et du Golfe des Etats-Unis ont entamé, le 1er octobre 2024, leur première grève de grande ampleur depuis près de 50 ans. Interrompant ainsi le trafic maritime de la moitié environ du pays. Et ce, après l’échec des négociations pour un nouveau contrat de travail concernant les salaires.
La grève bloque tout, depuis la nourriture jusqu’aux expéditions d’automobiles dans des dizaines de ports, du Maine au Texas. Une perturbation qui, selon les analystes, coûtera à l’économie des milliards de dollars par jour, menacera les emplois et alimentera potentiellement l’inflation.
Le syndicat International Longshoremen’s Association (ILA), qui représente 45 000 travailleurs portuaires, négociait avec le groupe d’employeurs United States Maritime Alliance (USMX) un nouveau contrat de six ans avant la date limite fixée au lundi 30 septembre 2024 à minuit.
L’ILA a déclaré dans un communiqué avoir fermé tous les ports du Maine au Texas, après avoir rejeté la proposition finale de l’USMX. Tout en ajoutant que l’offre était « loin des demandes de ses membres de ratifier un nouveau contrat ».
Le président de l’ILA, Harold Daggett, a déclaré que des employeurs tels que l’opérateur de porte-conteneurs Maersk et ses terminaux APM North America n’ont pas proposé d’augmentations salariales appropriées ni accepté les demandes visant à mettre fin aux projets d’automatisation des ports qui menacent les emplois.
« Nous sommes prêts à nous battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève aussi longtemps que nécessaire, pour obtenir les salaires et les protections contre l’automatisation que nos membres de l’ILA méritent », a déclaré M. Daggett.
L’USMX avait annoncé dans un communiqué qu’elle avait proposé d’augmenter les salaires de près de 50 %, par rapport à une proposition précédente. M. Daggett, quant à lui, a déclaré que le syndicat réclamait davantage, notamment une augmentation de 5 $ de l’heure pour chaque année du nouveau contrat de six ans.
La grève, la première d’ampleur de l’ILA depuis 1977, inquiète les entreprises qui dépendent du transport maritime pour exporter leurs marchandises ou sécuriser des importations cruciales. Elle touche 36 ports – dont New York, Baltimore et Houston – qui traitent une gamme de marchandises conteneurisées allant des bananes aux vêtements en passant par les voitures.
Selon les analystes de JP Morgan, la grève pourrait coûter à l’économie américaine environ 5 milliards de dollars par jour, car les expéditions sont perturbées.
Le groupe maritime français CMA CGM, troisième transporteur mondial de conteneurs, a émis le même jour un avis de force majeure en raison de la grève et a déclaré qu’il pourrait facturer des frais d’expédition supplémentaires pour les navires retardés.
La National Retail Federation (Fédération nationale du commerce de détail) a quant à elle appelé l’administration du président Joe Biden à utiliser son autorité fédérale pour mettre fin à la grève, affirmant que celle-ci pourrait avoir des « conséquences dévastatrices » pour l’économie.
Sam Graves, président républicain de la Commission des transports de la Chambre des représentants, a également appelé le président Joe Biden « à intervenir immédiatement pour éviter ce préjudice inutile à notre économie ».
Les responsables de Biden ont déclaré à plusieurs reprises que le président démocrate ne le ferait pas, tout en exhortant les deux parties à parvenir à un accord.