Le conflit entre le Hezbollah et Israël a atteint un tournant critique. Alors que le Hezbollah subit des pertes significatives, il continue de résister sur le terrain, lançant des opérations contre Israël. Il en va de même de tensions croissantes entre l’Iran, le Hamas et le Hezbollah, suite aux événements récents.
Philippe Hage Boutros, responsable adjoint du service actualité à L’Orient-Le Jour, analyse la situation actuelle au Liban, marquée par la récente explosion de violence entre Israël et le Hezbollah, ainsi que ses implications sur le plan géopolitique.
Les récents affrontements entre Israël et le Hezbollah ont renforcé l’idée que les Israéliens pourraient chercher à exploiter leur supériorité militaire dans le domaine aérien et des technologies – bien que l’État hébreu ait démenti avoir été à l’origine des deux vagues d’explosions d’instruments de communication du Hezbollah – pour étendre leurs objectifs. Ils pourraient ainsi décider de lancer une incursion sur le territoire libanais, avec en ligne de mire la possible création d’une zone « sécurisée » éloignant le Hezbollah au-delà du cours du Litani, voire une annexion d’un territoire plus vaste.
Cependant, d’après Philippe Hage Boutros, dans une déclaration à leconomistemaghrébin.com, cette démarche pourrait s’avérer être « un pari risqué », surtout si le Hezbollah se montre plus résilient que prévu au sol.
En effet, d’un côté, le parti semble bien avoir essuyé de lourdes pertes ces dernières semaines sur les plans humain et matériel, sans oublier la mort de plusieurs de ses dirigeants, dont son leader Hassan Nasrallah, ce qui soulève des questions sur leur capacité à répondre efficacement aux provocations israéliennes. Mais sur le terrain, le parti n’a pas encore rendu les armes et continue de lancer des opérations contre le nord d’Israël, avec des cibles de plus en plus éloignées de la frontière.
Il semble avoir repoussé une tentative de l’armée israélienne, qui n’a d’ailleurs toujours pas communiqué sur une avancée décisive de ses troupes au sol sur le territoire libanais. « Dans ce contexte, la réalité du soutien iranien au Hezbollah demeure le facteur clé », ajoute-t-il.
À la question de savoir si cette nouvelle phase d’affrontements peut durer, Philippe Hage Boutros estime que tout dépend de la façon dont les opérations se déroulent sur le terrain. « C’est une guerre d’usure depuis le début, et elle entre maintenant dans une nouvelle phase qui peut faire basculer les événements dans un sens ou dans l’autre. Même s’il est complètement lâché par ses soutiens, ce qui reste à démontrer, le Hezbollah se prévaut d’une expérience du combat au sol que les Israéliens ne sous-estiment pas. En fonction de l’issue de ce bras de fer, les dynamiques régionales pourraient également évoluer à court terme. »