La catastrophe écologique de Fukushima en 2011 a mis à genoux le secteur énergétique japonais. Le Japon doit désormais investir des sommes faramineuses pour réactiver les vieilles centrales.
Le Japon veut repenser sa stratégie nucléaire, les centrales étant devenues trop coûteuses en raison des mesures de sécurité imposées après la tragédie de Fukushima. Les investissements nécessaires à la réactivation des réacteurs après la catastrophe de 2011 s’élèveraient à plus de 6 000 milliards de yens (39 milliards d’euros), selon les estimations rapportées le 1er octobre 2024 par le journal japonais Asahi Shimbun.
Le journal effectue un contrôle annuel, depuis 2013, de toutes les dépenses supportées par les entreprises du secteur, pour se conformer aux mesures de sécurité de plus en plus strictes. Les normes réglementaires exigeantes, élaborées par l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (ou Nuclear and Industrial Safety Agency – NISA) du pays après la catastrophe écologique de 2011, ont contraint les services publics à se conformer à la mise en œuvre de mesures contre les tremblements de terre et les tsunamis et à se défendre contre les attaques terroristes.
Les coûts de la sécurité
Les résultats d’un questionnaire Asahi Shimbun de juillet indiquaient que les coûts totaux encourus auraient atteint le chiffre monstrueux de 6,15 milliards de yens, l’équivalent d’environ 39 milliards d’euros. Les principaux postes de dépenses sont imputables aux opérations de sécurisation des réacteurs et des centrales, opérations dûment examinées par la tutelle nucléaire.
Comme preuve de l’augmentation exponentielle des dépenses, le journal rapporte une comparaison entre celles engagées cette année et celles de l’année précédente pour certaines entreprises du secteur, comme Chugoku Electric Power Co. qui a vu ses coûts de sécurité augmenter d’environ 220 milliards de yens (1,4 milliard d’euros), pour atteindre un total de 900 milliards de yens (près de 6 milliards d’euros).
« Les différences dans les mesures de lutte contre les tsunamis et les tremblements de terre peuvent avoir un impact sérieux sur les coûts totaux », note l’ancien ingénieur nucléaire Satoshi Sato. En faisant spécifiquement référence aux plus de 100 milliards de yens nécessaires pour construire une barrière contre les tsunamis. M. Sato a souligné à quel point des améliorations structurelles spécifiques et minimes de la résistance sismique des canalisations peuvent représenter un coût extrêmement onéreux en raison de la complexité des procédures.
Ce qui effraie le plus le gouvernement du Japon, c’est certainement le lien entre la hausse des coûts et l’effondrement inévitable de la compétitivité du secteur nucléaire. En 2021, les dépenses que le gouvernement estimait pour sécuriser chaque réacteur s’élevaient à environ 200 milliards de yens, un chiffre qui avait été calculé une dizaine d’années plus tôt pour la création d’une nouvelle centrale.