Entre la fuite en avant du gouvernement israélien d’extrême droite du criminel de guerre Netanyahu (selon la Cour pénale internationale) et la contrainte électorale d’apaisement de l’administration américaine de Joe Biden qui, après un désistement de dernière minute du candidat naturel qu’est le président en exercice, Joe Biden, en faveur de la vice-présidente, Kamala Harris, dont la candidature commence à montrer des signes prématurés d’essoufflement, l’Iran, après avoir joué la carte de l’embrasement indirect à travers le réseau régional de la résistance à Gaza, au Liban, au Yémen et en Irak, se trouve tiraillé entre la nouvelle direction politique du président Masoud Pezechkian (depuis le 28 juillet 2024, suite à la mort dans un accident d’hélicoptère dans des conditions insuffisamment élucidées d’Ibrahim Raissi) plus pragmatique et conciliatrice et soucieuse de rompre l’isolement international et le régime des sanctions qui frappent le pays et les milieux religieux et les Gardiens de la révolution plus militants et soucieux de renforcer le rôle de leadership régional de l’Iran.
En dépit du caractère considéré spectaculaire par certains de la riposte iranienne du 1er octobre au processus de décapitation du Hamas à Gaza, du Hezbollah au Liban et de la légion étrangère des Gardiens de la révolution iranienne, certains observateurs avertis n’excluent pas une chorégraphie concertée avec l’administration américaine dépitée par l’entêtement de son allié israélien Netanyahu à imposer indéfiniment l’escalade des hostilités de peur que la moindre accalmie ou trêve ne fasse écrouler son gouvernement d’extrême droite et ne relance les procédures judiciaires a son encontre. En y ajoutant ce qui est de plus en plus considéré en Israël comme une gestion défaillante et possiblement criminelle des événements qui ont précédé et suivi l’opération « Déluge d’Al Aqsa« , il y a bientôt un an.
En dépit des enjeux électoraux pour de nombreux membres du Sénat et de la Chambre des représentants aux Etats-Unis et de l’influence encore puissante du lobby pro-israélien, l’administration Biden a intérêt, à ce stade final de la campagne électorale présidentielle et législative, à éviter l’embrasement régional au Moyen-Orient qui risque d’enflammer l’opinion publique américaine, dont certains segments se montrent de plus en plus réticents envers le soutien inconditionnel des Etats-Unis aux exactions israéliennes.
En plus de détourner l’attention et la logistique militaires américaines vers un théâtre finalement moins vital que l’Europe et la mer de Chine. De même que le risque de compromettre l’héritage de l’administration Obama visant à trouver une issue négociée au programme nucléaire iranien que l’extrême droite israélienne persiste à percevoir comme une menace existentielle et tient absolument à oblitérer en dépit des risques d’émanations radioactives sur toute la région et d’embrasement régional et possiblement international qui pourrait s’ensuivre.
Ce qui semble évident, c’est qu’en dépit de la fuite en avant du gouvernement Netanyahu, l’administration Biden et le gouvernement iranien mènent un jeu délicat de réactions concertées et mesurées. Avec une volonté de restreindre la folie guerrière de Netanyahu, tout en se donnant mutuellement des gages d’apaisement et d’évitement de tout embrasement.
L’axe de la résistance de Gaza, au Liban jusqu’au Yémen et l’Irak semblent devoir faire les frais de cette politique iranienne d’apaisement et d’évitement de l’embrasement, paradoxalement vital à la survie politique et personnelle du criminel de guerre Netanyahu.
S’il est communément admis que les choses sont particulièrement compliquées et enchevêtrées en temps de paix au Moyen-Orient, les ambitions et les enjeux nationaux et partisans surtout en période d’hostilité et de conflits atteignent des sommets de complication et de multiplicité des langages et des pistes d’interprétation.
Faute d’un miracle qui tarde à venir depuis 1948, le Moyen-Orient vit sous la loi de Murphy selon laquelle tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal.
Elyes Kasri