A l’approche de l’élection présidentielle, J-2 précisément, notre pays fait face à d’importants défis socio-économiques et politiques. Une question essentielle demeure : la société tunisienne est-elle suffisamment mûre pour concevoir cette dite démocratie libérale? Cette interrogation fait écho aux pensées d’Albert Camus, qui affirmait que « la démocratie n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ». Tandis qu’Abraham Lincoln définissait la démocratie comme « le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ».
Mondher Thabet, homme politique, essayiste et ancien secrétaire général du Parti social-libéral, a analysé cette question dans une interview à paraître dans le prochain numéro de L’Économiste Maghrébin (904 – du 9 octobre 2024). Il souligne l’inadéquation entre une culture historiquement marquée par le despotisme et l’aspiration à établir une démocratie libérale.
Il précise dans ce contexte : « Nous sommes prêts et je dirais que ce serait excessif de considérer que nous sommes justement prêts et que nous sommes matures pour l’avènement, pour la constitution d’un système démocratique achevé. Il est tout à fait antinomique, même foncièrement contradictoire de vouloir instaurer un système démocratique libéral dans une société dont la culture, dont l’habitus, dont le psyché est despotique. Avec une société animée par un inconscient collectif marqué par le despotisme oriental, il ne peut y avoir d’œuvre démocratique réussie ou achevée. »
En outre, Mondher Thabet insiste sur l’importance d’une révolution culturelle avant toute avancée politique, et plaide pour un dialogue respectueux des différences pour atteindre l’unité nationale. « Au-delà de qui sera le président? Au-delà de la personne, je crois que la mission du nouveau président devrait être la réconciliation, le dialogue. Le dialogue, les Tunisiens, car la Tunisie ne peut justement se préserver, se prémunir des risques d’une conjoncture violente, une conjoncture internationale et régionale violente que dans l’unité nationale. L’unité nationale qui n’est pas forcément dans l’esprit de l’unanimisme”.
Et pour finir, il met l’accent sur l’importance des valeurs libérales. Et appelle à la réconciliation et à la compréhension mutuelle entre les Tunisiens.
« Penser la démocratie comme une nécessité, le libéralisme économique comme un choix stratégique essentiel », conclut-il.