C’est une situation aussi drôle qu’insolite. Un Américain a utilisé l’intelligence artificielle dans un concours d’art qu’il a remporté « haut la main ». Jusqu’ici tout va bien.
Mais suivez la suite. Jason M. Allen, c’est son nom, cadre dans une start-up de jeux de société, a proposé « une peinture créée à l’aide de l’intelligence artificielle Midjourney », rapporte rtbf.be. C’était il y a deux ans.
Sauf que plusieurs internautes l’ont critiqué, lui reprochant de n’avoir pas été « honnête »; critiques auxquelles il avait souligné ne pas souhaiter s’excuser pour avoir fait appel à une IA. De manière sèche, voici ses propos: « J’ai gagné, et je n’ai enfreint aucune règle. Cela ne va pas s’arrêter. L’art est mort, mec. C’est fini. L’intelligence artificielle a gagné. Les humains ont perdu ».
Il n’aurait pas dû dire cela. Car, selon notre source, « depuis 2022, Jason M. Allen essaye de déposer cette œuvre, afin qu’elle soit sa propriété et qu’elle ne puisse pas être reproduite. Mais en mars 2024, l’U.S. Copyright Office (le bureau du droit d’auteur américain) a estimé que le travail dérivé des plateformes d’IA ne contenait aucune paternité humaine et ne pouvait donc pas être étendu aux protections du droit d’auteur ».
Vous l’aurez compris, Allen n’a pas apprécié cette décision. Et comble du ridicule, il estime que « les copieurs réduisent la valeur de son œuvre (qui, rappelons-le, a été générée par une IA qui se base elle-même sur des millions d’autres œuvres d’art) ». Cité par la Colorado Public Radio aux États-Unis, il explique : « J’ai connu une érosion des prix, dans le sens où il y a une valeur perçue plus faible de mon travail, ce qui a eu un impact sur ma capacité à facturer des frais de licence standard de l’industrie. Le refus du Bureau du droit d’auteur d’enregistrer le Théâtre d’Opéra Spatial (le nom de son œuvre, ndlr) m’a mis dans une position terrible, sans recours contre d’autres personnes qui volent de manière flagrante et répétée mon travail sans compensation ni crédit ».
Moralité: il faut souvent bien calculer l’impact futur de ses actes avant de les accomplir. L’histoire de Jason M. Allen montre également la voie à d’autres artistes pour créer encore et encore.