Le surendettement mondial continue à peser lourdement sur plusieurs pays en développement. Bien que les derniers mois soient marqués par des accords avec le FMI après un défaut de paiement (le Ghana et l’Éthiopie à titre d’exemple), une longue liste risque de se retrouver dans la même situation.
Dans un acte de prévention, l’institution financière basée à Washington vient d’approuver des réformes qui réduiront les coûts d’emprunt des membres de 36%. Elles permettront à huit pays endettés de ne plus avoir à payer davantage pour emprunter de l’argent.
C’est quoi le mécanisme de surcharge ?
Il faut d’abord comprendre ce mécanisme de surcharge. Le FMI joue le rôle de créancier pour prévenir les crises de la balance des paiements ou y répondre. Sous certaines conditions, il applique des surcharges, qui ne sont autres qu’un taux d’imposition plus élevé. Il ajoute 200 à 300 points de base aux intérêts annuels sur les prêts de ses emprunteurs les plus endettés dans le cadre des facilités de crédit (General Resources Account – GRA). Cela lui a rapporté en 2023 quelque 2 milliards de dollars en paiements supplémentaires.
Ces taux plus élevés peuvent être considérés comme une sanction. Ils alourdissent le fardeau de la dette des pays dans une situation de grande vulnérabilité. Dans le contexte de crises mondiales multiples et interconnectées, allant des conséquences catastrophiques du changement climatique au surendettement et aux échecs du développement, l’imposition de surtaxes est susceptible d’augmenter en taille et en étendue, exacerbant leurs effets négatifs.
Quatre pays africains parmi les bénéficiaires
La série de changements approuvés par le conseil d’administration du FMI comprend des ajustements des surcharges payées par les pays très endettés, comme l’Ukraine et l’Argentine. Les réformes, qui entreront en vigueur le 1er novembre prochain, relèveront le seuil d’endettement à partir duquel les pays membres commencent à payer les surcharges, ce qui permettra à huit d’entre eux de ne plus avoir à payer les coûts d’emprunt supplémentaires. Il s’agit du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Géorgie, de la Moldavie, du Sénégal, du Sri Lanka et du Suriname.
Le FMI estime que seuls 11 pays satisferont à l’obligation de payer la surcharge une fois la nouvelle politique mise en œuvre. Ensemble, les mesures approuvées réduiront les coûts d’emprunt du FMI pour les membres de 1,2 milliard de dollars par an. Dans un environnement mondial difficile et à une époque où les taux d’intérêt sont élevés, les membres de l’institution financière internationale sont parvenus à un consensus qui allège la facture des dettes, tout en préservant sa capacité financière à soutenir les pays qui en ont besoin.
Quid de la Tunisie ?
Quant à la Tunisie, elle a déjà payé des surtaxes et continuera à le faire, à l’instar de l’Angola, de l’Argentine, de l’Arménie, de la Barbade, du Costa Rica, de l’Égypte, de l’Équateur, du Gabon, de la Géorgie, de la Jordanie, de la Mongolie, du Pakistan, des Seychelles et de l’Ukraine.
Selon les chiffres présentés par le FMI, nous avons des dettes qui valent 210% de notre quota de crédits GRA fin février 2024. Toutefois, la Tunisie est le pays qui paiera le moins de surcharge, avec seulement 3 millions de dollars. D’ailleurs, ce montant n’a rien à voir avec l’Égypte ou la Jordanie qui paieront, respectivement, 699 et 244 millions de dollars.