La Cité de la culture a abrité, samedi 12 octobre, une conférence-hommage au grand poète Abou Al Kacem Chebbi à l’occasion de la commémoration du 90ème anniversaire de sa mort, le 9 octobre 1934.
Cette conférence/hommage est organisée à l’initiative du Forum de la pensée moderniste tunisienne, présidé par l’écrivain et chercheur, Mohamed Al May, avec la participation de plusieurs intellectuels dont des académiciens, des chercheurs et des écrivains.
Les interventions présentées dans cette conférence ont été publiées dans un livre de groupe qui s’intitule « Abou Al Kacem Chebbi le poète des lumières ». Ce livre est l’œuvre de Jalila Tritar, Nesrine Snoussi, Najoua Amami, Adel Kheder, Samir Sehimi, Moncef Louhaibi, Adel Maizi.
Le coordinateur général du Forum, Mohamed El-May, a déclaré que les interventions présentées à l’occasion abordent des angles dans l’œuvre de Chebbi qui n’ont jamais été abordés auparavant.
Ce rendez-vous commémore l’oeuvre littéraire, notamment poétique d’Abou Al Kacem Chebbi (24 février 1909 – 9 octobre 1934). Le nom du « poète des lumières », comme on le surnomme, natif de la région de Tozeur, est à jamais inscrit dans l’histoire de la Tunisie du fait de la valeur culturelle, littéraire de son oeuvre poétique. Outre la poésie, les écrits de littéraires de Chebbi en prose sont également aussi importants.
Dans leurs lectures du Journal de Chebbi, Jalila Tritar, Nesrine Snoussi et Najoua Amami, ont mis l’oeuvre de ce grand poète dans son contexte historique.
Jalila Tritar a notamment considéré Chebbi comme étant le premier nouvelliste tunisien, bien avant Ali Douagi même, en témoigne la structure de son Journal, écrit en 1930, qui répond aux principes fondamentaux du genre littéraire de la nouvelle. Le récit du Journal de Chebbi traduisait l’état psychique du poète qui selon Tritar était affecté par le décès de son père et sa maladie.
Nessrine Snoussi est aussi allée vers cet aspect tragique dans la vie du poète qui n’a pas été apprécié à sa juste la valeur dans son milieu.
Najoua Amami, auteure d’un livre en arabe intitulé « Lecture dans le Journal d’Abou Al-Kacem Chebbi », publié chez Noukouch Arabia en 2021, a estimé que, ce genre littéraire (la nouvelle) constituait un refuge temporaire pour le poète qui l’avait aidé à vivre le deuil de son père. Abou Al Kacem Chebbi n’avait pas tardé à renouer avec la poésie, a-t-elle souligné.
L’auteure a évoqué ce qu’elle appelle l’état d’aliénation et de crise existentielle et sociale chez Chebbi dans son propre pays. Son journal offre le portrait d’un poète qui était, selon la conférencière, la cible de critiques dans la sphère intellectuelle et littéraire de l’époque, ce qui ne l’avait pas aidé à vaincre sa solitude et les blessures de son passé. Chebbi avait été fortement critiqué à cause de sa critique «L’imaginaire poétique chez les arabes » (1929).
L’œuvre prolifique d’Abou El Kacem Chebbi n’a cessé, depuis des décennies, de nourrir la mémoire des peuples qui aspirent à la liberté. L’auteur du célèbre recueil de poèmes « Les Chants de la Vie » demeure le symbole de la république tunisienne et tous ceux qui glorifient la vie.
Chebbi a écrit une centaine de poèmes sur divers thèmes qui se rapportent notamment à la vie, la mort, la liberté, la révolte, la mélancolie et l’exil. La poésie de ce grand poète arabophone des temps modernes est traduite dans plusieurs langues, enseignée dans les universités et adaptée dans des œuvres musicales.
Avec TAP