C’est l’histoire d’une chanson qui a réussi à mobiliser les Tunisiens lors de l’évacuation de la base militaire de Bizerte. Les Français y tenaient du reste beaucoup à cette base qui a été, entre autres, à l’origine de la colonisation française de la Tunisie en 1881.
« Ce n’est pas moi qui ai écrit le texte de « Beni watani ». Mais, c’est le peuple tunisien. Je n’ai été que le simple interprète du cri d’un peuple attaché à sa libération ». Les propos sont d’Abdelmajid Ben Jeddou, l’homme qui a donc rédigé le texte de la célèbre chanson d’Oulaya, diffusée à chaque anniversaire de l’évacuation de la base militaire de Bizerte, le 15 octobre 1963, par l’armée française. Et dont nous fêtons en ce 15 octobre 2024 le 61ème anniversaire.
« Au même moment où je me penchais pour voir cette marée humaine, la chanteuse Oulaya a ouvert la porte de mon bureau pour me demander un texte appelant à l’évacuation de Bizerte. Je lui ai alors dit que le texte sera prêt demain. Elle m’avait cependant demandé de l’écrire tout de suite. Voilà comment est née “Beni Watani“», ajoute Abdelmajid Ben Jeddou.
Ce témoignage, véritable morceau de l’histoire de la Tunisie, est une partie intégrante d’un documentaire radiophonique consacré à « Beni Watani » réalisé par une journaliste de la Radio Nationale, la radio publique. Un documentaire dans lequel Abdelamajid Ben Jeddou narre la genèse de cette chanson culte : « Je me trouvais dans mon bureau au siège de la radio, au 71, avenue de la Liberté, à Tunis, quand une grande manifestation est passée tout à côté. Je me suis précipité pour ouvrir la fenêtre et voir défiler une marée humaine qui scandait : « Nous voulons l’évacuation de la base militaire de Bizerte ». Et au même moment où je me penchais pour voir cette marée humaine, la chanteuse Oulaya a ouvert la porte de mon bureau pour me demander un texte appelant à l’évacuation de Bizerte. Je lui ai alors dit que le texte sera prêt demain. Elle m’avait cependant demandé de l’écrire tout de suite ». « Voilà comment est née “Beni Watani“ », ajoute Abdelmajid Ben Jeddou.
Une chanson réalisée en un temps record
La suite est connue. Le grand compositeur Chedly Anouar a été sollicité pour faire la musique. Une composition réalisée également dans un temps record : deux jours. Et le lendemain Oulaya entrait en jeu, et également dans un temps record (un jour), pour donner une forme définitive à une des chansons des plus mobilisatrices de la Tunisie. Le tout confectionné dans l’actuel siège de la Radio Tunisienne.
Le grand compositeur Chedly Anouar a été sollicité pour faire la musique. Une composition réalisée également dans un temps record : deux jours. Et le lendemain Oulaya entrait en jeu, et également dans un temps record (un jour), pour donner une forme définitive à une des chansons des plus mobilisatrices de la Tunisie. Le tout confectionné dans l’actuel siège de la Radio Tunisienne.
Bourguiba avait beaucoup apprécié l’initiative, lui qui croyait, dur comme fer, que la radio était un vecteur important de la communication politique et de la lutte contre la colonisation française. D’autant plus que la France tenait beaucoup à la base de Bizerte.
L’historien Abdejelil Bouguerra assure, dans le même documentaire, que Jules Ferry – qui a dirigé à deux reprises le gouvernement français, de 1880 à 1881, époque du protectorat français sur la Tunisie -, avait dit que la colonisation de la Tunisie avait été décidée, entre autres, ???? la conquête de Bizerte. Cette ville commandait l’entrée de la Méditerranée orientale, avec évidemment la proximité de la botte italienne. Et l’historien de préciser que les Français avaient laissé en Tunisie après l’indépendance, en 1956, 50 000 hommes en armes dont une partie à la base militaire de Bizerte.