L’écrivain chilien Antonio Skármeta, figure emblématique de la littérature hispanophone, s’est éteint ce mardi 15 octobre à l’âge de 83 ans, marquant la fin d’une vie dédiée à l’art des mots et à l’engagement. Son fils, Fabian Skarmeta, a annoncé son décès après une longue lutte contre la maladie d’Alzheimer, soulignant que son père est parti paisiblement.
Antonio Skármeta, c’est avant tout un immense conteur, un homme qui a su capturer les échos de l’histoire et les murmures du cœur dans ses récits. Son œuvre phare, Une ardente patience, est devenue un classique, porté à l’écran en 1994 avec Le Facteur, où Philippe Noiret incarnait Pablo Neruda. Ce roman, qui narre l’amitié tendre et sincère entre un jeune facteur et le poète chilien, est une ode à la poésie, à la simplicité des relations humaines, et à l’importance des mots dans la quête de liberté. L’adaptation cinématographique de Michael Radford a été couronnée d’un Oscar en 1997, un signe de la résonance universelle de cette histoire.
Au-delà de cette œuvre, Skármeta a marqué les esprits avec une douzaine de romans, des poèmes, des récits et des ouvrages pour la jeunesse. Sa plume, sensible et engagée, a touché des générations de lecteurs, lui valant de nombreux prix prestigieux. En 2014, il a été honoré du prix national de littérature du Chili, une reconnaissance suprême pour cet homme qui, toute sa vie, a porté haut les couleurs de la culture chilienne. Le président Gabriel Boric lui a rendu un vibrant hommage, saluant « le maestro » pour son œuvre littéraire, mais aussi pour son engagement politique en faveur de la justice sociale.
Skármeta n’était pas seulement un écrivain, il était aussi un passeur de culture. À travers El show de los libros (Le spectacle des livres), une émission qu’il a animée dans les années 1990, il a permis à des milliers de téléspectateurs de découvrir la richesse de la littérature, d’ouvrir leurs horizons et de voyager par les mots.
Né le 7 novembre 1940 à Antofagasta, au Chili, Antonio Skármeta a été façonné par les paysages arides du nord chilien et les tumultes politiques de son pays. Formé en philosophie à l’université du Chili, il a enseigné dans cette même institution, tout en s’investissant dans la mise en scène de théâtre. Mais c’est après le coup d’État militaire de 1973 qu’il a été contraint de s’exiler, d’abord en Argentine, puis en Allemagne. Ce déracinement n’a fait que renforcer son attachement à la liberté et à la démocratie, des valeurs qu’il n’a cessé de défendre à travers ses écrits et ses prises de position. Dans les années 2000, il a même servi comme ambassadeur du Chili en Allemagne, continuant ainsi à tisser des ponts entre les cultures.
Antonio Skármeta nous laisse un héritage littéraire et humain immense. Ses histoires continuent de vibrer en nous, portées par la force de ses mots et la sincérité de son regard sur le monde. Aujourd’hui, le Chili et le monde littéraire pleurent un grand maître.