La création d’une plateforme arabe commune contre la désinformation et d’une charte éditoriale pour la couverture des guerres et des crises figurent parmi les recommandations issues d’un séminaire. Intitulé « Les fausses informations dans la couverture des guerres et des crises », il a été organisé mardi 15 octobre 2024 au siège de l’Union des radiodiffusion des États arabes à Tunis (ASBU).
Des experts et des chercheurs en médias issus des pays membres de l’Union des États arabes ont pris part à ce séminaire organisé par l’ASBU dans le cadre de ses actions axées sur le renforcement de la coopération interarabe dans le secteur de l’audiovisuel, radio et télévision.
Ce rendez-vous médiatique a été consacré à l’analyse des fausses informations dans la couverture de la guerre dans les Territoires Occupés et les récentes catastrophes naturelles dans certains pays, tels que les séismes en Syrie et au Maroc et la tempête Daniel en Libye. Il a permis de jeter la lumière sur l’impact de ces informations sur le cours de la guerre et leur influence sur l’opinion publique.
L’information en temps de guerre
Dans son intervention sur la guerre d’information contre les Territoires occupés, Oussama Abdallah, enseignant de journalisme à l’Université nationale An-Najah, en Palestine, qualifie les fausses informations de « guerre hybride menée dans l’espace numérique ». Tout en dressant la différence entre le récit des médias de l’occupation et celui des médias palestiniens.
« L’occupation sioniste se base sur des outils et des techniques de communication à travers lesquels elle contrôle la guerre, mais elle est loin de la réalité », fait savoir l’universitaire. En revanche, malgré « des moyens de communication moins développés, les médias palestiniens présentent une information plus fiable », a-t-il dit.
« En temps de guerre, celui qui détient l’information aura le contrôle », estime le conférencier. Dans la conjoncture actuelle marquée par la guerre, « les informations relayées ne sont pas nécessairement véridiques », a-t-il noté.
« La publication d’accusations sans preuves, la diabolisation des Palestiniens et de la résistance palestinienne, le déni des faits et de responsabilité et l’attaque des militants en faveur de la cause palestinienne constituent les quatre piliers de la guerre hybride », indique le conférencier. A cet égard, il évoque « la machine médiatique de l’entité sioniste soutenue par les États-Unis d’Amériques ».
Il précise que des techniques sont utilisées dans ce qu’il appelle une « guerre de communication qui essaye d’introduire des termes comme ‘la guerre contre Gaza’ au lieu de ‘la guerre contre la Palestine’, étant donné que la guerre couvre non seulement la bande da Gaza mais également d’autres zones telles que Rafah où la souffrance des habitants est aussi énorme ».
Afin de remettre en question le récit palestinien, la guerre médiatique de l’occupation essaye de le montrer comme étant une mise en scène orchestrée et non une réalité. Et ce, à travers l’introduction du terme « Pallywood », une fusion des mots « Palestine » et « Hollywood » en référence à l’industrie cinématographique.
La publication d’anciennes informations comme étant récentes constitue une « fausse sympathie pour la vérité palestinienne », estime encore le conférencier. Il déplore un véritable dommage pour la cause palestinienne en raison de la publication de vidéos et de photos liés à d’autres guerres et conflits, en les attribuant à la réalité du génocide actuel dans la Bande assiégée.
Plateformes de vérification en temps de crise
De son côté, l’universitaire Aroua Kooli, enseignante à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) à Tunis, a abordé la question du traitement des fausses informations par les plateformes de vérification en temps de crise. Et ce, en citant l’exemple de la guerre en Palestine, notamment à Gaza et des catastrophes naturelles telles que les séismes en Syrie et au Maroc et de la tempête Daniel en Libye.
Dans son intervention intitulée « Comment les plateformes de vérification de l’information ont-elles géré les informations fausses et trompeuses lors de crises graves? », la conférencière a évoqué le phénomène du « désordre de l’information » en période de crise, notamment à la lumière du ‘vide informationnel’ qui caractérise ces périodes. Ce qui ouvre la voie à la diffusion de contenus faux et trompeurs tels que « les rumeurs, les discours de haine, les théories du complot et autres ».
Face à une telle situation, les plateformes de vérification d’information se trouvent face à de nombreux défis et difficultés. Et plus particulièrement avec l’usage de l’Intelligence artificielle qui permet la diffusion d’images générées et de fausses vidéos », indique la conférencière. Elle a présenté l’exemple de « TuniFact » une plateforme de détection des fausses informations, lancée en 2021 par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
Ainsi, la conférencière préconise le développement du « partenariat entre les plateformes contre la désinformation et la publication d’articles et d’enquêtes approfondies ». Et ce, en vue de lutter contre le désordre de l’information qui règne.
Vous aurez compris en lisant cet article que nous avons en général un parti pris dans le traitement de l’information. Ce qui conduit, souvent, à un manque d’objectivité. Or, celle-ci est la base du journalisme « indépendant », contrairement au journalisme « militant ».
Avec TAP