Selon une information relayée par le Washington Post, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a dit à Joe Biden envisager de frapper l’armée iranienne et non des infrastructures pétrolière ou nucléaire, en représailles à l’attaque de Téhéran sur Israël. Mais, ne dit-ont pas que les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent?
S’oriente-ton dans ce Proche-Orient « compliqué » selon la célèbre expression du général de Gaule vers une accalmie même temporaire entre la République islamique d’Iran et l’Etat hébreu visé par plus de 180 missiles iraniens le 1er octobre dernier en réponse à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, du Secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à Beyrouth, et aux massacres perpétrés par Israël à Gaza et au Liban? Sachant que le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a promis une réponse « mortelle, précise et surtout surprenante »; sans toutefois préciser ni la date ni les cibles concernées.
Le régime iranien est « exposé et faible »
Il convient de rappeler que l’opposition israélienne a appelé le gouvernement Netanyahou, mardi 15 octobre, à attaquer le programme nucléaire et les installations pétrolières iraniennes. L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett ayant estimé que le régime iranien est désormais « exposé et faible, et qu’il s’agit « d’une occasion unique pour Israël de jouir de la légitimité et de la capacité d’infliger de graves dommages au régime iranien et à son programme nucléaire ».
« Attaquons maintenant le programme nucléaire iranien et les centres du régime, il ne faut pas laisser passer l’occasion. Pour la première fois, nous avons la possibilité d’agir contre l’Iran sans craindre une riposte terrible et insupportable. Nous pouvons infliger de graves dommages au programme nucléaire iranien qui jette une ombre sur notre avenir », a-t-il plaidé dans un message sur la plateforme X.
Pour sa part, le chef de l’opposition, Yair Lapid, a déclaré à la Société israélienne de radiodiffusion : « Si j’étais Premier ministre, j’attaquerais les installations pétrolières iraniennes, c’est le point faible du régime iranien ». Avant d’ajouter, provocateur : « Et je dirais aux Américains sur cette question : Désolé, Israël a ses propres intérêts ».
Une modération suspecte
Curieusement, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n’a pas écouté, pour une fois, les sirènes des va-t-en-guerre de son camp et même de l’opposition. Par crainte que la riposte israélienne contre l’Iran ne conduise à une guerre régionale de grande ampleur?
Toujours est-il que selon une information publiée le 14 octobre par le Washington Post, Netanyahou aurait informé lundi dernier l’administration Biden de son intention de frapper « uniquement » des cibles militaires en Iran lors de sa future frappe de représailles. Et ce, « afin d’éviter une escalade majeure et de ne pas influencer les élections américaines de novembre ». Le responsable israélien ayant échangé par téléphone avec le locataire de la Maison-Blanche, leur premier appel en plus de sept semaines.
Ainsi, lors de cet entretien, Netanyahou a dit prévoir de frapper des infrastructures militaires iraniennes en représailles aux tirs de missiles iraniens. Sachant que le président américain Joe Biden avait précédemment mis en garde son allié contre toute tentative de cibler les installations nucléaires iraniennes et s’est opposé à toute frappe sur les installations pétrolières. Entre autres, par crainte de l’impact que cela aurait sur les prix mondiaux du pétrole en plus de l’interférence certaine dans l’élection présidentielle aux Etats-Unis?
D’après la même source, la « position plus modérée qu’auparavant » du Premier ministre israélien aurait joué un rôle dans la décision de Joe Biden de déployer en Israël un puissant système américain de défense antimissile à haute altitude THAAD, en soutien contre Téhéran.
Manœuvre de diversion?
Mais, au final, quel crédit accorder aux propos « rassurants » du Premier ministre israélien?
« Nous écoutons les opinions de l’administration américaine, mais nous prendrons nos décisions finales en fonction des intérêts nationaux d’Israël », a déclaré le bureau du Premier ministre en réponse à ces informations.
« Biden devrait se méfier des promesses de Nétanyahou. Ce ne serait pas la première fois qu’il dit à Biden ce que celui-ci veut entendre, puis qu’il fait volte-face lorsque sa droite s’insurge ». C’est ainsi qu’a averti un ancien responsable de l’administration Obama, au Wall Street Journal. Il estime que les partisans de la ligne dure du gouvernement israélien « continuent de faire pression pour qu’une attaque soit menée contre les sites nucléaires, ou au moins contre les installations pétrolières ».
« La superpuissance semble se laisser dicter les décisions stratégiques par son protégé et la Maison-Blanche se comporte comme un chien qui aurait décidé de courir derrière sa queue », déplore un autre analyste politique.
D’ailleurs, rappelle-t-il, en 1996 déjà, le président des États-Unis à l’époque, Bill Clinton, demandait à l’issue d’une rencontre avec Benyamin Nétanyahou, déjà Premier ministre d’Israël : « quelle est la p… de superpuissance ici? » Incroyable mais vrai.