Faouzi Abderrahmane, analyste politique, aborde les enjeux du projet de loi de finances (PLF) 2025 à travers une perspective économique. Il souligne que le salaire brut annuel de 50 000 dinars, équivalant à un salaire net mensuel de 3 074 DT (12 mois) ou 2 840 DT (avec un 13e mois), est considéré comme un salaire moyen pour un cadre débutant dans le secteur privé.
En revanche, ce montant est jugé très élevé dans la fonction publique, où un ministre perçoit un salaire net de 4 300 DT et un directeur général avec 25 ans d’ancienneté reçoit environ 1 900 DT par mois, avec un avantage en nature de 1 000 DT pour une voiture.
Faouzi Abderrahmane critique la perception selon laquelle ce salaire nécessite une imposition à 40%, alors que le taux précédent de 35% était déjà jugé excessif. Il considère cette vision comme déformée et révélatrice d’une administration tunisienne qui légifère principalement pour ses propres intérêts. Il met également en avant le problème grave que représente l’absence de concertation sociale, qui menace la cohésion sociale.
Selon lui, « il est anormal que cette administration, qui contribue de plus en plus aux problèmes du pays plutôt qu’à leur solution, soit responsable de l’avenir et de la législation sans véritable contre-pouvoir ».
Par ailleurs, Faouzi Abderrahmane souligne que l’un des facteurs clés de la compétitivité d’une économie est sa stabilité réglementaire. Les investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers, recherchent avant tout cette stabilité sur plusieurs années. En effet, il leur est difficile de planifier leurs affaires dans un pays dont les règles changent chaque année, et parfois même avec un effet rétroactif. Ce qui ajoute une couche d’arbitraire.
En outre, il déplore que le rôle de l’État social dans le projet de loi de finances pour l’année prochaine n’ait pas pris en compte les retraités du secteur privé, qui ont perdu entre un quart et un tiers de leur pouvoir d’achat. Malgré une augmentation du salaire minimum qui reste insuffisante, il estime que le chef du gouvernement aurait dû commencer à corriger cette injustice, en particulier en ce qui concerne la situation des caisses de retraite.