La politique d’adaptation de l’UE risque de prendre du retard en matière de changement climatique. Telle est la conclusion du rapport publié le 16 octobre 2024 par la Cour des comptes européenne (CCE).
Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations, frappent désormais plus fréquemment et avec une gravité accrue, laissant derrière eux avant tout des conséquences économiques très graves. Et même si le cadre de l’UE pour faire face aux effets du changement climatique est solide, les politiques d’adaptation se heurtent à des problèmes lorsqu’elles sont mises en pratique. C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’EAC (European Advisory Commission – ou Commission consultative européenne).
« Au cours des deux dernières décennies, nous avons assisté dans l’UE à une forte augmentation du nombre de catastrophes naturelles dues au changement climatique et à la gravité des dégâts qu’elles provoquent, comme nous l’avons vu récemment cette année avec des sécheresses, des vagues de chaleur et des catastrophes dévastatrices », a déclaré l’EAC.
Au cours de la dernière décennie, les pertes économiques dues aux événements climatiques extrêmes dans l’UE se sont élevées en moyenne à 26 milliards d’euros par an. L’inaction a aussi un prix : exposer l’économie européenne, telle qu’elle est aujourd’hui, à un réchauffement climatique de 1,5 à 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels– une estimation certes prudente– entraînerait des pertes économiques annuelles comprises entre 42 et 175 milliards d’euros.
« Nous avons examiné comment l’UE fait face au besoin urgent de s’adapter aux événements climatiques extrêmes récurrents », a déclaré Klaus-Heiner Lehne, membre de la Cour des comptes européenne responsable de l’audit.
Plus de la moitié des projets audités proposaient des solutions efficaces pour faire face aux risques du changement climatique. Tandis qu’un certain nombre de bonnes pratiques ont été identifiées.
Le panel a également rencontré des cas de priorités contradictoires, les objectifs d’adaptation au changement climatique devant coexister avec d’autres, comme la compétitivité ou le développement régional. Il a identifié, par exemple, des projets qui répondaient à des besoins accrus en irrigation mais qui risquaient d’augmenter la consommation globale d’eau, ou un projet de protection contre les inondations dans la même zone à risque où de nouveaux permis de logement étaient encore en cours de délivrance.
Concernant le financement, il est souligné que l’adaptation est une question horizontale et que les fonds européens concernés proviennent de différentes sources de financement, telles que l’agriculture, la cohésion et la recherche. Les rapports sur l’adaptation doivent être améliorés. Car, selon la piste d’audit, les données existantes ne permettent pas d’évaluer les progrès réalisés par les États membres en matière d’adaptation au changement climatique. Les rapports étant pour la plupart descriptifs, sans données quantifiables.