Le Fonds monétaire international (FMI) avertit que les guerres, les tensions commerciales, la dette élevée et la faible croissance menacent de prolonger une période économique atone et de priver de nombreux pays des ressources nécessaires pour réduire la pauvreté et lutter contre le changement climatique.
La hausse des prix à la consommation à l’échelle mondiale, les conflits au Moyen-Orient et en Europe et les perspectives de croissance à moyen terme qui ne sont « pas assez bonnes » sont autant de raisons d’être prudents; malgré un atterrissage économique en douceur attendu. C’est ce qu’a déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans son discours accompagnant la conférence de presse sur les estimations du Fonds, jeudi 17 octobre 2024, à Washington.
Dans le même temps, les préoccupations en matière de sécurité nationale poussent certains des principaux acteurs mondiaux à poursuivre des politiques industrielles et protectionnistes axées sur leur propre pays, regrette-t-elle, dans une critique indirecte de la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Chine.
Américains et Chinois alourdissent la dette publique mondiale
L’émergence de barrières commerciales « équivaut à verser de l’eau froide sur une économie mondiale déjà tiède », a déclaré Mme Georgieva. Ces affrontements surviennent « à un moment où les prévisions montrent une combinaison incessante de faible croissance et de dette élevée – un avenir difficile », a-t-elle déclaré.
Le FMI prévient ainsi cette semaine que la dette publique mondiale devrait atteindre 100 000 milliards de dollars. Soit 93 % du produit intérieur brut mondial, d’ici la fin de cette année, en grande partie à cause des États-Unis et de la Chine.
Une croissance atone
En outre, le FMI constate que la croissance économique n’est pas à la hauteur de ce dont les pays ont besoin pour créer des emplois, assurer le service d’une dette importante et répondre à d’énormes besoins d’investissement, y compris la transition vers les énergies propres.
Mme Georgieva a prononcé son discours alors que les ministres des Finances et les chefs de Banques centrales de près de 200 pays, dont la Tunisie, se préparent à se rencontrer à Washington durant la semaine du 21 octobre 2024 pour les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
Elections américaines
Le double sommet a lieu moins de deux semaines avant l’élection présidentielle américaine cruciale entre l’actuelle vice-présidente, Kamala Harris, et l’ancien président, Donald Trump. Les électeurs américains placent l’économie au premier rang de leurs préoccupations, en particulier la hausse des prix provoquée par une vague inflationniste qui a été la pire depuis quatre décennies. Avant qu’elle ne soit maîtrisée par la hausse des taux de la Réserve fédérale.
Bien qu’il ait salué l’action de la Fed dans la lutte contre l’inflation, le FMI s’est montré particulièrement critique ces derniers mois à l’égard des États-Unis, son principal actionnaire. En juin, il a mis en garde l’administration Biden contre les déficits trop importants, l’impact d’un endettement excessif et les dangers des politiques commerciales de plus en plus agressives de Washington.
Le FMI publiera mardi 22 octobre une mise à jour de ses Perspectives économiques mondiales. Il prévoyait en juillet une croissance mondiale de 3,2 % cette année et de 3,3 % l’année prochaine.
De son côté, Bloomberg Economics prévoit cette semaine que le PIB mondial augmentera de 3 % cette année et s’accélérera pour atteindre 3,2 % en 2025.